A Caen, les contrôleurs de bus invités à compter les migrants: "On fait du contrôle au faciès"

Les syndicats s'insurgent contre une demande qui émanerait de la préfecture du Calvados, invitant les contrôleurs de bus à compter les migrants sur la ligne Caen-Ouistreham, porte d'entrée vers l'Angleterre.
Le comptage s'effectue avec un tableau. Dans une colonne, le document invite les contrôleurs à noter le "nombre de migrants contrôlés" et le "nombre de migrants verbalisés". Des contrôles à effectuer à bord des bus de la ligne 61, qui relie Caen à Ouistreham, départ du ferry vers l'Angleterre. D'après les syndicats caennais de la compagnie de bus Twisto, la demande émane de la préfecture.
"Nous avons la confirmation à travers un document qui nous a été remis anonymement que c'est bien une demande de la préfecture, du groupe Keolis (l'exploitant, ndlr) de contrôler les migrants sur la ligne 61", explique mercredi sur RMC Thierry Poullennec, ancien chauffeur de bus et secrétaire CGT de la section retraités de l'entreprise Twisto.
Des pratiques dignes "des pires périodes de notre pays"
Il s'agit "d'une demande journalière aux conducteurs de remonter les informations à Twisto au service fraude, qui remontera à la préfecture", poursuit-il. L'ancien chauffeur de bus dénonce par ailleurs la méthode de ce "ciblage préfectoral" et des pratiques indignes.
"On fait du contrôle au faciès", regrette-t-il, "si ça continue, on va se retrouver comme dans les pires périodes de notre pays. Les bus réquisitionnés et les personnels d'une entreprise réquisitionnés pour faire du sale boulot".
La direction de Keolis l'existence de ces contrôles mais seulement pour une semaine en mars pour faire face à un afflux de migrants et à des problèmes de fraude. La préfecture dément quant à elle avoir mis en place ce système mais ajoute que sur le sujet des migrants, les contrôleurs et conducteurs de tous les transports publics peuvent faire remonter des informations.
Les syndicats demandent de leur côté que la pratique cesse. "Ce qu'on demande, c'est que la préfecture, le groupe Keolis et l'entreprise Twisto arrêtent de faire ça aux salariés, dont ce n'est pas la mission".
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