Les filles meilleures que les garçons ?
Ah les filles, ah les filles !
A l'école, il n'y a bien qu'en grammaire que le « masculin » l'emporte sur le « féminin » ! Car pour le reste, la différence entre les résultats des filles et des garçons est si importante qu'elle en arrive à supplanter celle liée à l'origine sociale, certaines filles de milieux modestes rattrapant des garçons de milieux aisés.
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : à tous les niveaux, dans tous les domaines, les filles sont en tête ! Dès l'école, 7 % des filles sont en difficulté de lecture contre 14 % des garçons. Quand 85 % des filles ont le brevet des collèges, ils ne sont que 79 % chez les garçons. Au lycée, c'est encore pire puisque 70 % des filles sont bachelières contre 59 % de leurs copains ! Enfin, dans les études supérieures, 47 % des demoiselles sortiront diplômées contre 37 % des jeunes hommes... On pourrait encore ajouter que les filles « décrochent » et redoublent moins que leurs compères, qu'elles vont moins en classe de soutien ou de relais et sont moins sujettes à la dyslexie. Mais alors, comment expliquer un tel phénomène ?
Tout d'abord, nous n'élevons pas avec la même exigence filles et garçons. Consciemment ou non, nous attendons davantage des filles : soin, rangement, propreté, politesse, organisation, sérieux. Autant de contraintes qui s'avèrent de vrais avantages à l'école. De plus, certains parents se disent qu'un petit gars saura toujours se débrouiller quand une fille aura besoin de ses diplômes pour réussir.
Ensuite, les petites filles sont entourées de figures féminines de réussite sociale : la maîtresse, la directrice, les professeures, l'infirmière, le médecin scolaire... quand les garçons se contentent des posters de leurs footballeurs préférés !
Enfin, on constate une réelle différence de maturité entre les deux sexes. Rattrapées par leur corps (puberté, règles, objet de désir des plus grands), les jeunes filles sont plus mûres à âge égal. En gros, les filles veulent percer les secrets du monde et les garçons leurs boutons d'acné.
Seul bémol de cet étonnant tableau : l'insertion professionnelle. Soudain, dans le monde du travail, les filles sont disqualifiées sur divers stéréotypes : on les croit plus « bûcheuses » que talentueuses, trop sensibles et fragiles, on les craint plus souvent absentes et moins disponibles (maternité, garde d'enfant). Cela se répercute sur les salaires et les retraites. Après tout, elles ne représentent jamais que la moitié de l'humanité !
Sylvain Grandserre
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