Motion de censure: "Nous sommes prêts à utiliser la seule arme encore entre nos mains"

Après la motion de censure déposée par la droite, la gauche réfléchit elle aussi à en déposer une. Toute la question est de savoir si les frondeurs accepteront d'aller jusqu'à signer une telle motion émanant des rangs de la gauche. Seule certitude: entre les parlementaires frondeurs et le reste des députés PS, on n'a jamais été aussi proche de la rupture définitive.
Deux motions de censure pourraient bien être débattues jeudi à l'Assemblée. La première émane de députés Les Républicains et UDI et est d'ores et déjà au programme des discussions. Les frondeurs socialistes menacent de la voter. La seconde, venant de la gauche, est en cours d'élaboration et doit comporter les signatures d'un dixième des députés, soit 58 parlementaires. "Puisque le gouvernement décide d'utiliser le 49.3, nous voulons refuser ce coup de force et pour cela nous sommes prêts à utiliser la seule arme encore entre nos mains: la motion de censure", justifie sur RMC Pierre Laurent, secrétaire national du PCF.
Refus d'un "coup de force"
"Nous privilégions l'option d'une motion de censure de gauche, c’est-à-dire avec des socialistes, des communistes, des écologistes et des membres du Front de gauche, soit tous ceux qui refusent ce coup de force", explique-t-il encore avant d'indiquer que "des discussions sont en cours pour déposer cette motion de censure". Et de menacer: "J'espère qu'on aboutira. Si on n'aboutit pas, on sera obligé de censurer le gouvernement avec la seule arme qui restera: la motion de censure de la droite".
En réalité, toute la question est de savoir si les frondeurs accepteront d'aller jusqu'à signer une telle motion émanant des rangs de la gauche. En attendant, une chose est certaine: entre les parlementaires socialistes, frondeurs d'un côté et le reste de députés PS, on n'a jamais été aussi proche de la rupture définitive. Car pour la première fois, certains députés frondeurs se demandent s'ils doivent aller au bout de leur logique d'opposition et voter la censure du gouvernement Valls. Ils prendront leur décision ce mercredi matin.
"On n'en peut plus"
"La motion de censure n'est pas un caprice ni un acte anodin. J'ai entendu le Premier ministre dire, il y a quelques jours, qu'il ne fallait renoncer à aucun outil constitutionnel, je le reprends donc à notre compte", déclare Christian Paul, député frondeur de la Nièvre. Des propos qui agacent Christophe Caresche, député socialiste de Paris favorable à la loi Travail. Il met donc en garde: voter la motion de censure, c'est voter contre son camp. "Qu'ils réfléchissent bien car, à ce moment-là, ils n'auront plus leur place ni au PS, ni au groupe PS. Ils en seront exclus".
A droite, les parlementaires ont fait leurs calculs et ont bien compris que leur motion de censure a très peu de chance de passer car il faudrait le vote de 289 députés (LR et UDI ne détiennent que 227 voix, ndlr). Mais peu importe, cette motion de censure est l'occasion de mettre en avant la faiblesse du gouvernement comme l'explique Daniel Fasquelle, député LR du Pas-de-Calais. "On n'en peut plus de cette politique et de ce gouvernement qui ne sait pas où il va et qui est incapable d'adopter les mesures et les réformes dont nous avons pourtant besoin en urgence".
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