Près de 10.000 migrants dans la "Jungle" de Calais: "La situation nous échappe"

REPORTAGE - D'après une note du syndicat de police Alliance dévoilée par Le Figaro, le nombre de migrants dans la "Jungle" de Calais devrait atteindre 10.000 d'ici à début septembre. D'après les policiers, le camp est devenu une zone de non droit dans un climat d'insécurité et de violence.
Dans la Jungle de Calais, tout le monde est à cran. Le camp, dont une partie a été démantelée fin février continue d'accueillir toujours plus de migrants. D'après un recensement de la préfecture au mois de juin, ils étaient environ 4.500 en juin dernier, ils seraient désormais près de 10.000 selon une note du syndicat de police Alliance. La surpopulation et la promiscuité provoquent de bagarres, souvent lorsqu'il n'y a plus de nourriture à distribuer. Bachir, un Afghan déjà passé par le camp il y a quelques années est de retour depuis trois jours dans la Jungle, il a vu le changement s'opérer.
"En 2006 j'étais déjà là. Tout a changé depuis. A l'époque, nous étions 200, aujourd'hui on est 10.000 et ça crée des tensions. Tout le monde se bat, on est trop nombreux. Il faut savoir se défendre", explique-t-il sur RMC.
La situation est de plus en plus critique dans le camp comme le constate Georges qui vient aider depuis plusieurs années les migrants.
"On force les gens à vivre les uns sur les autres et forcément la conséquence en est plus de bagarres. Toutes les conditions sont réunies pour que ça ne se passe pas bien", estime le bénévole.
"On est témoin de l'impuissance des forces de l'ordre"
Dans le camp, les tensions entre les migrants sont exacerbées mais s'exercent aussi à l'encontre des forces de l'ordre. Ludovic Hauchart, délégué UNSA Police s'avoue un peu dépassé.
"La situation nous échappe. On le voit bien chaque soir, des migrants n'hésitent plus à s'en prendre aux forces de l'ordre. Il y aura toujours un surnombre. On le voit bien puisqu'on est obligés d'augmenter le nombre de compagnies de CRS présentes sur le Calaisis pour pouvoir tenter d'endiguer ce phénomène. Et on voit bien chaque soir, on est témoin de l'impuissance des forces de l'ordre", constate-t-il.
Pour Frédéric Balland, délégué Alliance au commissariat de Calais, la Jungle est devenue "une poudrière". "Les migrants sont agressifs, ils caillassent des voitures de police, ils n'ont plus peur de nous. Il y a leur nombre qui a doublé en quelques mois mais il y a aussi l'agressivité, on est monté d'un cran", estime le policier.
"Les gens ne veulent plus venir sur Calais"
Une agressivité que déplorent également commerçants, routiers et entreprises de la région. Ils accusent le campement de fragiliser l'économie locale. Pour Frédéric Van Gansbeke, président du collectif des entreprises et commerces de Calais, le principal problème réside dans les attaques de migrants sur des camions pour passer en Angleterre.
"Un très grand nombre de transporteurs routiers refusent de passer par Calais et donc on a une énorme baisse d'activité au niveau du portuaire. Les gens ne veulent plus venir sur Calais à cause de cette image déplorable", assure-t-il.
Il réclame notamment un déplacement du camp. "Pas en bordure de rocade et à 500 mètres du port, ce qui est une hérésie. Cette problématique-là, elle n'est pas prise à bras le corps" regrette-t-il. Commerçants, transporteurs, CGT et agriculteurs ont prévu de bloquer l'A16 le 5 septembre prochain sur l'axe Boulogne-Calais et Dunkerque-Calais et ce jusqu'à obtenir le "démantèlement total" du nord de la Jungle.
Votre opinion