Salon de l'agriculture: "Je vais y aller la tête haute, parce que j'ai tellement de choses à dire", prévient un éleveur

TÉMOIGNAGES - En signe de colère et de révolte, certains agriculteurs ont appelé à boycotter cette année le salon de l’agriculture, qui s'ouvre samedi. RMC a rencontré deux frères, des éleveurs de vaches à Essé, en Ille-et-Vilaine, qui ont réfléchi longtemps avant de finalement décider de s'y rendre.
J-1 avant l'ouverture du salon de l'agriculture de Paris (SIA). Un salon qui va se dérouler dans un climat tendu. Blocages, manifestations, opérations coup de poing... Les agriculteurs expriment depuis un mois leur détresse face aux prix de la viande et du lait, qui se sont effondrés au fil des mois, sous l'effet de la fin des quotas laitiers européens, de l'embargo russe et du recul de la demande chinoise.
Sur place, les agriculteurs auront à cœur de défendre leur avenir auprès des politiques et des 700.000 visiteurs attendus. François Hollande sera, comme le veut la tradition, présent demain à l'inauguration de cette 53ème édition. Il a promis de se prononcer sur la situation des agriculteurs. Une visite, forcément arrosée, sous haute sécurité.
En signe de colère et de révolte, certains agriculteurs ont appelé à boycotter cette année le salon de l’Agriculture. Un appel qui n’a pas été relégué par les syndicats. Pour les éleveurs qui ont, notamment, des animaux en sélection pour les concours du salon, la décision de boycotter ou pas n’est pas évidente à prendre.
"Nos politiques vont encore se faire de la pub sur le dos de l'agriculture"
RMC a rencontré deux frères, des éleveurs de vaches à Essé, près de Rennes, en Ille-et-Vilaine, qui ont réfléchi longtemps avant de finalement décider de se rendre au salon de l’agriculture. Mais pour une seule raison: se faire entendre.
Et c’est l'un des moments les plus forts dans la vie d’un éleveur: avoir l'une de ses bêtes sélectionnée pour le concours du salon de l’agriculture. "Ça, c'est Giblotte qui s'en va à Paris!", lance-t-il, guilleret. "Qu'est-ce que tu as à nous dire, toi, Giblotte?", s'amuse-t-il. "Tu t'en fous!" Pourtant cette année, Jacques, lui aussi, s’en fout. L’aîné des deux frères n’a aucune envie d’y participer.
"Nos politiques vont encore se faire de la pub sur le dos de l'agriculture, alors que d'un autre côté, ils sont en train de la casser", s'agace-t-il sur notre antenne. "On a l'impression que tout va bien quand on va dans ces salons-là, alors que notre agriculture est en crise. Je préfère ne pas y aller, boycotter, montrer mon désaccord, retirer l'inscription, et puis, terminé!"
"J'y vais pour interpeller quelques personnes"
Jean-Paul, le cadet, n’était pas du même avis. Et il a su convaincre son frère.
"Je n'y vais pas pour rien, moi", promet-il. "J'y vais vraiment pour faire entendre ma voix d'éleveur. J'y vais surtout pour interpeller quelques personnes, politiques et représentants professionnels. Le ministre de l'Agriculture aussi! A un moment-donné, il faut qu'ils arrêtent de se foutre de notre g***!"
Et même s’il ne se fait pas d’illusion, Jean-Paul ne s’imaginait pas rester chez lui.
"Je vais y aller la tête haute, parce que j'ai tellement de choses à dire", prévient-il. "Après, je vais peut-être revenir lundi la tête basse et complètement déçu, mais au moins, j'aurais libéré tout ce que j'ai sur le cœur et tout ce que j'ai envie de dire à certaines personnes".
Et il va sans dire qu’une victoire de Giblotte, dimanche, au concours de vaches normandes leur remettrait un peu de baume au cœur.
Votre opinion