Violences de Moirans: "Des interpellations? C'est moi qui décide, pas les politiques"

Le procureur de Grenoble, en charge de l'enquête sur les violences commises mardi à Moirans, dans l'Isère, a tenu à rappeler ce jeudi sur RMC que "le temps judiciaire n'est pas le même que le temps politique et médiatique", en réponse à ceux qui critiquent l'absence d'interpellations pour le moment.
Les images de violences à Moirans mardi, dignes "d'une guerre civile" selon des témoins, ont choqué. Mais ce qui choque également, dans l'opinion publique comme chez certains politiques, c'est l'absence de la moindre interpellation d'auteurs présumés jusqu'à maintenant. Des réactions qui agacent le procureur de Grenoble, Jean-Yves Coquillat, invité ce jeudi de Jean-Jacques Bourdin sur RMC. "Je suis le maître de l'enquête et le maître du tempo, et les déclarations de quiconque n'y changeront rien", tient-il à rappeler.
Et à ceux qui s'offusquent qu'il n'y ait toujours pas eu d'interpellations, le procureur répond : "Mais encore faut-il (…) interpeller les bonnes personnes, rattacher un acte à un individu. Et si on interpelle une personne et qu'on ne prouve rien, ça ne sert à rien. La précipitation est souvent mauvaise".
"Il y a une pression politique, sociale et médiatique"
"J'entends bien que l'opinion publique et certains politiques réclament des interpellations, poursuit le procureur. Cela a un effet spectaculaire, mais bien souvent ça n'a pas d'effet sur la qualité de l'enquête et nous n’avons pas les preuves suffisantes pour les faire condamner".
"Il y a une pression politique, sociale et médiatique (autour de ces évènements de Moirans). Mais cette pression ne doit pas pousser les enquêteurs et le parquet à obtenir des résultats immédiatement, car cela conduit à des catastrophes judiciaires. Il n'y a rien de pire que des poursuites qui se terminent en relaxe ou en absence de poursuites", prévient le procureur. "Nous sommes en campagne électorale, et c'est inévitable qu'il y ait une exploitation politique dès qu'il y a un évènement qui trouble l'ordre public".
"La durée des enquêtes a augmenté"
Le procureur Jean-Yves Coquillat rappelle que "les modes d'enquête ont changé : on s'appuie sur de la génétique, des écoutes, des images de caméras de vidéosurveillance, de la géolocalisation… et exploiter tout ça est évidemment très long. La durée des enquêtes a augmenté. Et le temps judiciaire n'est pas le même que le temps politique, et encore moins que le temps médiatique".
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