Acheter français pour aider l'agriculture: est-ce si facile que cela ?
Vendredi, Emmanuel Macron a lancé un appel, dans le Loiret, pour acheter et consommer français. Objectif: soutenir le monde agricole en crise. Avec le contexte inflationniste, les hausses de prix sont en moyenne de 6%.
Insoutenable pour les agriculteurs pour qui tout coûte plus cher: carburant, électricité, blé. Si on ajoute à cela la sécheresse historique de cet été et ces nombreuses conséquences ( pertes de rendement, hausse des dépenses pour acheter de l’eau), les stocks de fourrage pour l'hiver sont bien entammés. Il y a aussi l’enjeu du renouvellement des générations: d’ici 2030, un agriculteur sur deux va partir à la retraite. Il y a donc urgence à soutenir l'agriculture française.
"Dans le moment que nous vivons on a besoin de soutenir notre souverainenté agricole et alimentaire. Si on la laisse tomber on se réveillera groggy en découvrant qu'on doit importer le lait, la viande, les légumes... et que tout ce qui était comme des évidences, qu'on n'a pas payé au juste prix, est devenu une vulnérabilité."
Les Français veulent acheter local, mais...
Depuis le Covid-19, les Français ont retrouvé le goût du local. Entre 2020 et 2021, selon une étude IRI, les ventes de produits locaux ont augmenté de 6 %. Mais le principal frein reste le prix, la faute notamment aux coûts de production plus élevés en France. Et puis encore faut-il trouver du "produit en France" dans les rayons. Beaucoup de productions ont été délocalisées ces dernières années. De plus, entre le flou sur l'étiquetage de l'origine et confusions possibles entre des produits cueillis, transformés ou empactés en France: le consommateur peut être perdu dans le rayon de son supermarché. En effet, il n'existe pas de marque "unique" "Produit en France", comme il existe un "Label Rouge", une "IGP" ou une "AOP", qui pour la plupart prouvent - d'ailleurs - une production 100% française.
Par exemple, on a beaucoup parlé de la pénurie de moutarde dans les rayons, mais la production française, avec des grains produits en France, ne représente qu’1% de la consommation de moutarde en France. La moutarde de Dijon n'est en effet pas protégée par un label obligeant à la production française. Pour la plupart, les grains viennent du Canada. C'est l'IGP "moutarde de Bourgogne" qui oblige à la production française.