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Agriculteurs en colère: "On travaille à perte et ça ne peut plus durer"

Les agriculteurs vont de nouveau manifester ce mercredi sur les routes

Les agriculteurs vont de nouveau manifester ce mercredi sur les routes - AFP

TEMOIGNAGES - Ce mardi, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a annoncé un énième plan d’aide aux agriculteurs français en crise. Pas de quoi de calmer la colère des éleveurs qui s’apprêtent à bloquer une nouvelle fois les routes ce mercredi.

"Mercredi noir" en perspective sur les routes de Bretagne ce mercredi. La circulation devrait en effet être extrêmement difficile sur les principales routes de l'Ouest, les agriculteurs ayant prévu une nouvelle journée de barrages pour "crier leur détresse", avant une table ronde à la préfecture de la région Bretagne, jeudi à Rennes. Le mouvement devrait aussi s'étendre aux deux régions voisines: la Normandie et Pays de la Loire. Des actions "importantes" sont aussi annoncées dans l'Eure et la Seine-Maritime.

"Le compte n'y est pas"

Alors que Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, a annoncé ce mardi un énième plan de soutien (290 millions d'euros supplémentaires, ndlr), les agriculteurs ne se montrent pas satisfaits et se mobilisent afin d'obtenir des mesures pour faire face aux cours très bas auxquels le porc, le lait et la viande bovine sont achetés par les industriels de la transformation. Parmi les manifestants, il y aura Franck Pellerin, éleveur de porc.

Normalement, chaque année, ce producteur vend 1.300 cochons mais avec le cours du porc actuel particulièrement bas, il perd chaque jour de l'argent. "Aujourd'hui, il faudrait que le kilo de carcasse se vende au moins 1,45 euros alors qu'on est à 1,22 euros donc le compte n'y est pas", déplore Franck Pellerin sur RMC. Et d'ajouter, désemparé: "On travaille à perte et ça ne peut plus durer". Déjà, l'an dernier, les comptes étaient dans le rouge: 27.000 euros de dettes.

"Le producteur est lésé"

Pour autant, cet éleveur ne veut pas des aides promises par le ministre de l’Agriculture. "Ça n'a jamais été bien perçu parce que n'importe quel agriculteur qui s'installe le fait pour dégager un prix de son travail quotidien, justifie-t-il. Les agriculteurs préfèrent avoir un prix sur leurs produits couvrant leur coût de revient. C'est beaucoup plus juste, plus équilibré".

Dès lors, depuis des mois, et malgré les blocages, ce producteur de porcs n'a qu’une revendication: vendre ses produits à un meilleur prix. "Malgré tout, lorsqu'on voit la différence entre le prix sortie de nos fermes et celui en rayon, on voit bien qu'il y a un problème de répartition des valeurs entre les différents maillons d'une filière. Et c'est le maillon du producteur qui se trouve lésé", observe-t-il. Car malgré les promesses du ministre l’an dernier, la grande distribution tire toujours les prix vers le bas, s’indigne cet éleveur, qui ne voit d’autres moyens que de manifester une nouvelle fois, ce mercredi, pour être entendu.

Maxime Ricard avec Antoine Perrin