Amazon et l'alimentaire: pourquoi le géant fait trembler la grande distribution à travers le monde
Une hausse de 59% sur un an aux Etats Unis, mais aussi en Europe: +56% au Royaume-Uni, +54% en Allemagne. Aux Etats-Unis, l’alimentaire a représenté deux milliards de dollars de vente de produits. C’est-à-dire que la part de marché en ligne d’Amazon est de 18%, soit deux fois plus que son principal concurrent dans le pays, Walmart. C’est assez incroyable.
Les bières, le vin, l’alcool en général sont les produits qui génèrent le plus de ventes pour l'épicerie d’Amazon en Allemagne et au Royaume-Uni. Les Allemands, par exemple, ont dépensé 230% de plus dans cette catégorie de produits en 2017 qu'en 2016.
Amazon n’avait même pas anticipé le succès phénoménal
Cette hausse du chiffre d'affaires alimentaire est aussi, bien sûr, liée au rachat de Whole Foods, le leader des supermarchés bios aux Etats Unis. Un rachat annoncé en juin 2017 et finalisé deux mois plus tard. Au mois d’août, une semaine seulement après le rachat officiel de Whole Foods, 90% des 2000 produits de la marque distributeur en vente sur la plate-forme étaient en rupture de stock. Cela veut dire qu’Amazon n’avait même pas anticipé le succès phénoménal de ce rachat vis-à-vis des consommateurs, et que les ventes auraient pu être encore plus importantes.
Alors l'épicerie sèche s'écoule toujours pour l’instant, c'est mieux pour les produits frais. Les consommateurs préfèrent encore se déplacer en magasin pour voir et toucher le frais avant de le choisir. Ce sont encore - et surtout - les boissons fraîches, le café, les snacks, la catégorie "petit déjeuner" qui tirent les ventes vers le haut. Mais tout de même les produits frais ont généré l’an dernier des ventes à 8 chiffres aux Etats Unis. 85 millions de dollars pour les produits laitiers, 50 millions pour la viande, 45 millions pour les surgelés, 80 millions pour les fruits et légumes.
Un plan de transformation douloureux pour Carrefour
Pendant ce temps, en France, la grande distribution souffre. Et c'est tout un symbole. Dans le classement Deloitte qui vient d’être publié, le groupe Carrefour chute au 9ème rang des grands groupes de distribution, alors qu’Amazon se hisse au 6ème rang et devrait figurer à la fin de cette année dans le top 3 notamment grâce à l’alimentaire.
Amazon pèse aujourd'hui 37 fois plus en bourse que Carrefour… Le groupe français s’apprête d’ailleurs à annoncer mardi un plan de transformation qui s’annonce douloureux, avec d'importantes réductions d'effectifs. La CGT estime à "au moins 10.000" le nombre d'emplois menacés, soit près de 10% des 115.000 salariés du groupe en France.