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Baguette à 29 centimes: "On s'aligne à regret" assure le patron de Lidl France, qui critique Leclerc

Les supermarchés Lidl vont s'aligner "à regret" sur Leclerc et sa baguette de pain à 29 centimes, malgré la hausse des prix du blé. Pour le directeur exécutif de Lidl France, Michel-Edouard Leclerc ne leur laisse pas le choix.

La guerre du prix de la baguette fait rage. Après Leclerc, c'est au tour de Lidl de se lancer sur la baguette de pain à 29 centimes, pour contrer la hausse générale des prix qui touche les Français. "Nous lançons notre baguette à 29 centimes avec des regrets. Nous sommes obligés de nous aligner quand le plus grand distributeur lance une baguette à 29 centimes. D’autres l’ont fait et d’autres vont le faire mais ce n’est pas très responsable", assure ce jeudi sur RMC et RMC Story Michel Biero, le directeur exécutif de Lidl France.

Pour lui, cette baisse du prix de la baguette d'entrée de gamme, dans ses 1580 magasins de France, est une aberration alors que le prix du blé augmente. "C’est alimenter une guerre des prix qui est destructrice de valeurs. Cela envoie un message dramatique au monde agricole en grande détresse. Avec la hausse des matières premières, ce n’est pas très responsable", renchérit-il.

"Nous subissons des hausses que je n’ai jamais vécues, notamment sur le blé. On s’était demandé si l’on n’allait pas devoir monter notre baguette à 39 centimes alors qu’on la vend à 35 centimes. Et le lundi d’après, on entend que le leader de la distribution l’abaisse à 29 centimes. Toute la distribution va le suivre", prédit Michel Biero.

Le directeur exécutif de Lidl craint la colère du monde agricole, alors que le président de la confédération nationale de la boulangerie-pâtisserie française, Dominique Anract, évoquait le 12 janvier dernier au lendemain de l'annonce de Leclerc, "une déclaration de guerre" et des "prix volontairement destructeurs de valeurs". "Il faut rémunérer correctement les acteurs, ceux qui plantent, ceux qui récoltent, qui assemblent les grains et font la farine. Ce que fait Leclerc est honteux", renchérissait de son côté Jean-François Loiseau, le président de l'Association nationale de la meunerie française.

"Il va y avoir une inflation de 3 à 3,5%"

"Leclerc casse tout en faisant du low cost. C’est scandaleux. Il est coutumier du fait. Il saigne l'agriculture française. S’il y a des faillites, s’il y a une diminution du nombre d’agriculteurs, ce distributeur-là porte une grande responsabilité", avait également taclé sur RMC et RMC Story la présidente de la FNSEA Christiane Lambert, le 13 janvier dernier.

"Nous allons continuer à soutenir le monde agricole en signant des accords tripartites. Les Français veulent continuer à manger français et pour ça il faut continuer à préserver le monde agricole", promet Michel Biero. "Ce n’est pas cette baguette-là qui va mettre à mal le monde agricole. C’est un symbole, Michel-Edouard Leclerc le dit lui-même mais c’est désastreux, tout comme la côte de porc à 1,69 euros chez certains distributeurs ", estime de son côté Michel Biero.

Malgré la situation, il n'est pas inquiet: "Il va y avoir une inflation de 3 à 3,5% mais ce n’est pas cette inflation alimentaire qui va le plus impacter le pouvoir d’achat des Français", assure Michel Biero craignant plus la hausse des prix liée à l’énergie.

Les prix de l'énergie affichaient en décembre une progression de 18,6% sur un an. Du côté de l'alimentation, la hausse des prix montait à 1,4%, largement alimentée par celle des produits frais (3,3 %) tandis que les étiquettes des produits manufacturés avaient progressé en 2021 de 1,2%.

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Guillaume Dussourt