"C'est beaucoup plus de travail au niveau du sol": le parcours compliqué des agriculteurs pour se convertir au bio
Le mouvement en faveur du bio prend toujours de l'ampleur. Le syndicat agricole de la Confédération paysannes et des ONG et deux syndicats d'enseignants et de salariés ont demandé ce dimanche l'arrêt des aides publiques à "l'agriculture industrielle" pour une "transition sociale et écologique" de l'agriculture.
Ils espèrent peser sur l'affectation des budgets européens de la PAC, la politique agricole commune dont l'enveloppe n'est toujours pas fixée, après l'échec des négociations en fin de semaine dernière.
Car l'objectif de 15% des surfaces de terres agricoles converties en bio à l’horizon 2022 est très, très loin: nous en étions en 2018 à 7,5%. Le Sénat dénonçait dans un rapport paru début février un objectif "inatteignable".
"Il y a trois années de transition"
Se convertir en bio est un parcours semé d'embûches. Convertir tous ces champs en exploitation biologique avec de nouvelles techniques: c'est le défi que s'est lancé l'agriculteur Laurent Foirien en 2017. Un pari compliqué à réussir.
"C’est quand même beaucoup plus de travail au niveau du travail du sol. De nouvelles cultures, de nouvelles choses à apprendre, des formations… donc c’est quand même lourd. Il y a trois années de transition. Ces années là peuvent être un peu compliquées parce qu’on a un rendement de bio deux fois inférieur au conventionnel, à un prix qui fait tampon donc qui peut être un peu compliqué".
"Ce qui est certain c’est que le modèle doit évoluer"
Laurent Foirien fournit en fourrage bio son voisin, Baptiste Carrouché. Cet éleveur et fromager, a donc lui aussi pu se convertir. Mais d'après lui, tous les agriculteurs ne pourront pas sauter le pas.
"Je comprends que ça ne soit pas facile pour tout le monde. Ce qui est certain c’est que le modèle doit évoluer. Ça peut être une certification en bio demain avec des engagements encore plus forts. Ça peut être aussi des pratiques qui sont non bio mais qui sont meilleures pour l’environnement. C’est prendre en compte la demande sociétale et c’est ce qu’est en train de faire le monde agricole".
Les agriculteurs ont le droit à une aide pour chaque hectare en conversion bio. Mais cette aide diffère selon les régions.