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"Cohue dans les magasins", "rituels idiots", "bûches infâmes"… si, si, on peut détester Noël

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Vous vous réjouissez à l'approche de Noël? Lui, non. Pour Arthur Anjou, auteur de Noël me fout les boules, la période qui s'ouvre jusqu'au 24 décembre est "ensevelie sous un fatras de laideurs et de petits rituels idiots".

Arthur Anjou, auteur de Noël me fout les boules (éd. Flammarion).

"Avec son ensemble d'obligations sociales et de rituels qu'on voit arriver chaque année avec un recommencement perpétuel, Noël créé une forme d'angoisse. Au-delà d'être une fête qui aiguise le sentiment de solitude, c'est toujours une période de bilan. Pour les gens entre 20 et 40 ans - le moment de sa vie où on construit quelque chose ou pas, où l'on prend des trajectoires différentes - cette fête peut être amère parce qu'on est ramené au passé et à des sensations d'enfants qui n'ont plus rien à voir avec ce que nous sommes devenus.

"C'est la cohue dans les magasins"

C'est aussi une fête qui est ensevelie sous un fatras de laideurs et de petits rituels idiots. D'abord avec les courses, qui commencent maintenant – avec comme point de départ de plus en plus souvent maintenant le Black Friday – dans des boutiques à la décoration hyper agressive, dans des villes à la décoration kitsch. Cela va être la cohue dans les magasins pour dénicher une somme de gadgets inutiles qu'on n'utilisera jamais, tout cela juste pour s'assurer qu'on n'a pas l'indignité de ne pas avoir fait de cadeaux.

Vient ensuite la décoration de son propre intérieur avec le choix du sapin au sapin – le choix entre le Norman et l'épicéa – le dilemme de la crèche, le déguisement du père Noël, le calendrier de l'avent, le déjeuner de noël de la cantine au bureau… une somme d'embuches et un marathon qui ne va pas s'arrêter jusqu'au 24.

"Nous, pays de la pâtisserie, on mange des bûches infâmes !"

Puis vient le réveillon de Noël, avec un ensemble de mets et de plats plus immondes les uns que les autres. La dinde farcie par exemple, on ne peut pas dire que ce soit particulièrement succulent. Pourquoi cette obstination à fourrer de la viande avec de la viande? On est le pays de la pâtisserie et de la tradition culinaire la plus respectée et pourtant on se tape des bûches infâmes, sans compter les truffes et tous ces desserts absurdes qui colonisent les tables…

Voilà pour l'aspect alimentation. Mais le plus insupportable, c'est le côté famille, retrouver des gens qu'on a essayé de fuir toute l'année et qu'on retrouve inévitablement le 24 et le 25. La double peine, c'est quand on est en couple, où il faut faire noël avec chacune des deux familles.

"Une injonction à être heureux qui est insupportable"

Il y a cette injonction à être heureux qui est insupportable. C'est la généralisation de l'esprit Disneyland: il faut être optimiste, réveiller la magie de l'enfant qui est en nous, croire que le monde entier fait une trêve. C'est d'une facticité terrible et ça fait des ravages chez les gens qui sont seules. Car Noël est une fête très excluante.

Mais ne croyez pas être libérés le 26 décembre. Le 31 décembre, c'est pire! La préparation du 31, c'est à nouveau une fête bilan. Et si on est seul où qu'on a n'a pas de plan 5 jours avant le réveillon, c'est la cata totale et en général ça se finit en plan foireux. C'est la semaine critique pour à peu près tous les individus de la planète. Et puis après c'est l'Epiphanie. On pourra se consoler avec la galette, mais franchement, vivement la mi-janvier qu'on en finisse avec tout ça."

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Noël me fout les boules, un manuel pour survivre à Noël

"Mon livre, c'est un manuel de survie. Un calendrier de l'avent alternatif avec une somme de conseils, de mémo… Il y a des tops: top 10 des plats les plus dégueu, top 10 des cadeaux les plus foireux… C'est l'idée d'avoir un éclat de rire par jour. D'avoir son propre calendrier de l'avent pour survivre à cette période en adoptant des comportements ironiques".

Propos recueillis par Philippe Gril