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Colère des agriculteurs: "L’agriculture expliquée par des extrémistes de l’écologie nous fait passer pour des empoisonneurs"

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Les agriculteurs entendent dénoncer l'agribashing, alors que les actions de riverains contre les exploitations se multiplient.

Les routes des grandes villes au ralenti. Ce mercredi, plus d’un millier d’agriculteurs de France ont démarré leurs tracteurs et pris la direction de Paris et d’autres localités de province pour protester contre la loi Egalim, les traités de libre-échange et "l’agribashing" notamment. C’est le cas d’Olivier, qui se trouvait mercredi après-midi sur son tracteur sur le périphérique à l’ouest de Paris. Cet habitant des Yvelines, qui cultive en agriculture de conservation des céréales et du colza, est venu dénoncer la mauvaise presse dont sont victime les agriculteurs.

"Au quotidien, il y a des confrontations entre riverains et agriculteurs due à une pollution médiatique, de certains politiques et de certaines à association. On est extrêmement déconsidéré, et l’agriculture expliquée par ces extrémistes de l’écologie qui sont d’ailleurs de faux amis de l’écologie, nous fait passer pour des empoisonneurs qui maltraitons leurs animaux, ce qui est totalement faux", explique-t-il, fustigeant les actions contre les agriculteurs.

Olivier raconte que des habitants de son village, riverains de son exploitation et qu'il connaît depuis plusieurs décennies, ont lancé une pétition contre ses activités, avant de la transmettre au maire. "Je les ai invités à une réunion pour leur expliquer ce que je faisais parce que les gens ne connaissent rien sur l'agriculture et ils ont besoin de savoir. Certains étaient d’accord ils m’ont dit: 'On n'imaginait pas que vous faisiez des mesures par satellites, des analyses de sols ou que vous sortiez vos pulvérisateurs selon le temps'. Les gens ne savent pas que l'on utilise des produits homologués et normés".

"L'extrême-verte" et les écologistes pointés du doigt

"Il y a un fossé entre l'agriculture réelle et l'agriculture dont les gens entendent parler, d'où la souffrance des agriculteurs" ajoute Olivier. "il faudrait plus de science dans le débat. C'est dur d'être bon sur notre tracteur, en comptabilité, en gestion et en communication. On a tous un besoin de reconnaissance", explique-t-il.

Olivier déplore la perte de cette reconnaissance, suite aux attaques de ce qu'il appelle "l'extrême-verte", représentée par la classe politique écologiste française. "J’en veux beaucoup à l’extrême-verte. Quand j’entends Yannick Jadot, le chef de file d'Europe Ecologie Les Verts, qui raconte qu’il dit 'bonne chance' à la place de 'bon appétit' quand il se met à table, c'est presque criminel. Il y a un à deux suicides d'agriculteurs par jour dû à ce manque de considération".

"La sécurité dans l'agriculture, elle a évolué comme les voitures. On a le même type de normes que partout dans l'agriculture française. Pour cultiver des légumes, on ne peut pas cultiver à côté de certaines routes fréquentées pour des questions de sécurité alimentaire. Je veux rendre hommage à toutes les familles d'agriculteurs endeuillées. Un quart des agriculteurs avec qui je discute se pose la question de faire un autre métier pour pouvoir vivre dignement", conclu Olivier.
Guillaume Dussourt