"Dupin quotidien": la face cachée d'Amazon
Nous avons pu lire en exclusivité un livre sur la face cachée d’Amazon, Le monde selon Amazon du journaliste Benoît Berthelot. Il a scruté Amazon pendant 3 ans, et ça fait très peur. D'abord concernant les conditions de travail des salariés.
Management brutal, robotisé, règles de sécurité enfreintes pour tenir les objectifs, contrôle des pauses toilette, humiliations… C’est ce que révèlent les 256 salariés de l’entrepôt de Montélimar dans un rapport confidentiel.
La Caisse d’assurance de la santé au travail a relevé en 2017 entre 6 et 10% d’absences pour maladies ou accidents du travail, bien plus que le seuil de préoccupation. Parmi les salariés qui ont consulté leur médecin pour un problème au travail, les trois quarts ressentent des douleurs physiques. 7 sur 10 ressentent du stress.
A Montélimar, Amazon n’arrive plus à recruter localement, les CDI restent en moyenne 2 ans et demi. Du coup, les salariés touchent une prime de 150 euros s’ils parviennent à trouver un candidat parmi leurs proches.
Amazon a aussi beaucoup de mal avec les impôts
Jeff Bezos le patron d’Amazon, l’homme le plus riche de notre époque déteste les impôts. Alors il fait tout pour les éviter. En France, jusqu’en 2015, Amazon ne payait aucun impôt sur les bénéfices. Désormais, il en paie un peu. 3 millions et demi d’euros en 2016 pour un chiffre d’affaires de 2 milliards et demi. Sur la même année, Le Bon Coin a enregistré 10 fois moins de CA mais a payé 12 fois plus d’impôts.
En fait, Amazon s’arrange pour avoir des bénéfices quasi nuls en France. Il les transfère au Luxembourg. Puis en fait disparaître les trois quarts via une société écran.
Bercy lui a bien adressé 200 millions d’euros d’arriérés et de pénalités en 2017. Mais après un accord avantageux, Amazon n'en a réglé que 40. Et a même profité du système. Puisque sa filiale logistique a touché plus de 5 millions et demi d’euros de crédit d’impôt la même année.
Amazon nous surveille aussi, parfois même à notre insu
C’est l'une des révélations les plus dérangeantes de ce livre. Renault, la SNCF, Netflix, Les Restos du Coeur et même l'Education nationale... Toutes ces entités ont besoin de beaucoup de place pour stocker leurs données et les notes d'évaluation des élèves de CP, CE1, 6e ou 2nde.
Du coup, elles font appel à un service d'Amazon, le cloud, un espace de stockage numérique. Et nos données se retrouvent donc sur une extension du géant américain. C'est la poule aux oeufs d'or puisque ça lui rapporte des milliards d'euros et de données. Il vient d'ailleurs de lancer un partenariat avec Sciences Po Paris pour inciter les services publics à utiliser son cloud.
> Le livre sort jeudi 22 août aux éditions du Cherche Midi.