"Dupin Quotidien": les Français n’ont jamais payé aussi cher leur café!
L'expression "Un peu fort de café" prend tout son sens: les Français n’ont jamais payé aussi cher leur café.
Les Français consomment en moyenne 5,4 kg de café par an, en majorité à domicile. Les ventes de café pour la consommation à domicile ont augmenté de 1,2 milliards d’euros depuis 2003 en France, soit une croissance de 54% en 15 ans: une trajectoire inégalée depuis les années 1970. Et on paie effectivement notre café de plus en plus cher.
Dans un bar, on paie 1,5 euro 50 café en France ; la tasse de café filtre chez soi revient à 8 centimes ; 30 centimes si c’est un café en capsule ou dosette. Et les français sont devenus accros aux cafés dosette: on est le premier pays en terme de consommation par habitant de ce format de café.
Un centime reversé seulement
Pourtant, si l'on paie plus cher, les producteurs n’en profitent pas. Ce sont les géants du secteur qui bénéficient de ce business et ils sont de plus en plus concentrés. 80% de toutes les marques de café vendues en France appartiennent à 3 groupes seulement: Nestlé, JDE et Lavazza. Nestlé représente désormais le premier acteur avec un tiers des ventes de café en France à lui seul.
Quant aux pays producteurs, ils touchaient 24% de la valeur des ventes de café il y a 15 ans. Désormais, 16% seulement de cette valeur revient dans leur poche. Concrètement, sur un café à 8 centimes, il y aura seulement 1 centime pour le producteur. Idem sur votre dosette à 30 centimes, il n’y aura aussi qu’un centime.
Ce rapport publié par le Bureau d’analyse sociétale d’information citoyenne (BASIC) constate une paupérisation massive des producteurs de café qui n’ont plus assez d’argent pour nourrir leur famille. La situation est vraiment dramatique puisqu’il n’existe aucun système de protection pour les producteurs. C’est comme pour le lait en France: les prix du café ont chuté tellement bas que les producteurs n’ont même pas de quoi couvrir leurs frais de production.
Quel café choisir?
Il existe en réalité une jungle de labels et très peu d’études indépendantes. Les seuls labels qui permettent de respecter un revenu minimum aux producteurs sont les labels "Commerce équitable" et si possible "bio".
Mais dans tous les cas, ce n’est pas suffisant: les ventes de café équitable en France représentent seulement 3% des ventes.
Les auteurs du rapport estiment que les pouvoirs publics doivent prendre la situation en main notamment l’Europe en instaurant un observatoire des prix et des marges qui permettrait ainsi aux consommateurs de choisir leur café en toute transparence.