Glyphosate: "L'agriculture française est la plus saine du monde, on ne fait qu'affoler la population"

Derrière le sulfureux dossier sur le glyphosate, il y a des agriculteurs en colère. Du moins, certains. Plusieurs Fédérations départementales des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) se sont mobilisées et ont déversé de la paille sur les Champs-Elysées à Paris le 22 septembre. Ils protestent contre le veto à venir de la France au renouvellement de l'autorisation par l'Union européenne de cet herbicide, notamment présent dans le Roundup. Le retrait de ce pesticide, très utilisé par les agriculteurs, les mettrait en difficulté explique à RMC.fr Damien Greffin, président de la FDSEA 75, qui était dans le cortège.

Damien Greffin est président de la FDSEA d'Ile-de-France. 

"Cette manifestation doit alerter les pouvoirs publics et Emmanuel Macron que sa politique, et celle de ceux avant lui, est en train de tuer les agriculteurs de France.

Nous avons symbolisé avec de la paille, et des agriculteurs allongés au sol, que les paysans français se retrouvent sur la paille. Nous avons amené un conteneur d'importation pour signifier que, si on continue à casser les agriculteurs de la sorte, en favorisant la concurrence, en les empêchant de cultiver, l'agriculture français allait disparaître.

"Les ONG parlent de ce qu'elles ne connaissent pas"

Ce n'est pas une manifestation corporatiste pour obtenir tel ou tel droit. Il y a un enjeu de société que personne ne semble comprendre. La question de l'alimentation est laissée entre les mains des ONG et des altermondialistes qui ne parlent que de ce qu'ils ne connaissent pas.

La profession se suicide tous les jours. Les revenus moyens sont à 360 euros par mois. La balance agricole est déficitaire pour la première fois depuis 50 ans. Avec la perspective du retrait du glyphosate, l'arrivée du CETA, on va importer massivement des produits. Et à force, il n'y aura plus d'agriculteurs en France.

C'était une action coup de poing, un peu sensationnelle. C'était un peu chaud au départ, on s'est fait gazer par les forces de l'ordre, mais rien de méchant.

"Supprimer le glyphosate ne changera pas la face du monde"

Les sorties intempestives du gouvernement sur le glyphoaste mettent le feu dans les campagnes. On perd en compétitivité, l'agriculture s'affaiblit... J'avais pourtant cru comprendre que Macron était pour une harmonisation environnementale.

Vous pouvez supprimer le glyphosate. Ce n'est pas ça qui changera la face du monde. J'utilise des produits phytosanitaires et c'est pour assurer la sécurité des aliments. On ne meurt plus d'intoxication alimentaire. L'agriculture française est la plus saine du monde. On ne fait qu'affoler la population.

"Le cuivre de l'agriculture bio est plus nocif"

En 15 ans, on a supprimé et interdit à la vente 75% des substances actives homologuées. En revanche, en Espagne, on continue. Et on importe des fruits espagnols, portugais, allemands… Qu'on fait consommer aux Français tous les jours.

Je ne suis pas un défenseur du glyphosate. Mais ce débat ne devrait pas avoir lieu tant qu'on n'a pas des moyens de substitution. Le glyphosate a été érigé en emblème de Monsanto. Mais c'est pourtant l'un des produits qui est le moins dangereux! Un certain nombre de produits, comme le cuivre utilisé dans l'agriculture biologique sont bien plus nocifs que le glyphosate.

Tout comme les germes de soja argentin, les plats préparés bourrés d'OGM... Et on ne les fabrique pas chez nous, mais on les fait consommer aux Français. Il faut sortir de cette schizophrénie. 

Ce principe de précaution jusqu'au-boutiste tue toute initiative en France. Encore les risques seraient-ils avérées… Il y a des risques dans tout. Mais trois agences sanitaires disent qu'il n'y a pas de sujet. C'est un marché de dupes."

Propos recueillis par Paul Conge