Horaires modifiés, cours supprimés, bassins fermés: les piscines françaises touchées par une pénurie de maîtres-nageurs

Il manque 5.000 maîtres-nageurs en France. Conséquences: certaines piscines sont obligées de modifier leurs horaires, d’annuler certaines activités ou encore de fermer leur porte. A Nogent-sur-Seine, le maire propose des aides pour inciter les maîtres-nageurs à exercer dans la commune

Les maîtres-nageurs, une profession "en tension". 5.000 postes à pourvoir en France, pour des effectifs actuels allant de 12.000 à 15.000. Les effectifs peinent à se renouveler car les formations sont coûteuses et les salaires peu attractifs.

Et cette situation est inquiétante alors que les noyades augmentent: une augmentation de 96% chez les moins de 6 ans, entre l'été 2015 et l'été 2018. Sur la même période, on a constaté une hausse de 30% de noyades accidentelles avec prise en charge hospitalières.

"La natation c’est comme tous les sports c’est très important pour le corps"

A Nogent-sur-Seine dans l’Aube, la piscine municipale a dû fermer au grand public faute de maîtres-nageurs. Les usagers ne peuvent plus aller faire leurs brasses. Maryse nage à la piscine municipale depuis 15 ans. L'an passé, elle avait cours d'aquagym tous les mardis. Ce ne sera pas le cas cette année.

"Cet hiver il n’y aura pas de natation et c’est dommage. Déjà c’est une habitude tous les mardis et tout le monde le sait, la natation c’est comme tous les sports c’est très important pour le corps. Surtout à mon âge".

La piscine est seulement ouverte pour les scolaires et pour les encadrer, le directeur de la vie sportive de la ville, Jean-Christophe Flogny a dû reprendre du service en tant que maître-nageur: "Depuis 10 ans, je n’ai jamais passé autant de temps sur le bord du bassin mais je viens pallier les absences des collègues. On est très vigilants à ce que les enfants sachent nager".

"On a des contraintes horaires terribles et des salaires qui sont médiocres et de grosses responsabilités"

Si les maîtres-nageurs manquent, c'est que le métier est de moins en moins attirant pour les jeunes générations comme l'explique Axel Lamotte du Syndicat national des maîtres-nageurs sauveteurs.

"Les frais pédagogiques sont entre 5.000 et 7.000 euros et il faut y ajouter les frais de déplacement, les frais annexes donc on arrive facilement à 10.000 euros donc derrière on espère avoir un bon salaire ce qui n’est pas le cas du tout. Aujourd’hui, on a des contraintes horaires terribles et des salaires qui sont médiocres et de grosses responsabilités civiles, pénales voire administratives".

Pour faire face à cette pénurie, le maire de Nogent-sur-Seine, Hugues Fadin essaie d'inciter les jeunes de sa commune à se former à ce métier: "Nous allons délibérer au prochain conseil municipal pour attribuer des aides avec une contrepartie lorsqu’ils ont leur diplôme de pouvoir exercer dans notre piscine municipale".

Au niveau national, le syndicat des maîtres-nageurs craint que les fermetures de piscines soient de plus en plus nombreuses dans les années à venir.

Mahauld Becker-Granier (avec Caroline Petit)