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"Je suis plus malheureux à l’heure actuelle que quand je me suis lancé en 1983": ces agriculteurs "montent à Paris" pour exprimer leur colère

Les agriculteurs veulent bloquer les principaux accès à la capitale ce mercredi. Ils entendent protester contre l'agri-bashing ainsi que contre les traités de libre-échange.

Agri-bashing, mesures réglementaires trop contraignantes, traités de libre-échange : les agriculteurs disent stop. Et ils veulent faire entendre leur ras-le-bol ce mercredi dans les rues de Paris. Les agriculteurs de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs du grand bassin parisien ont annoncé vendredi que 1.000 tracteurs allaient converger vers Paris.

Ceux-ci doivent converger aux portes de la capitale à partir de 6 heures au volant de leur tracteur venu des régions Hauts-de-France, Normandie, Ile-de-France, Grand-Est, Centre-Val-de-Loire et Bourgogne-Franche-Comté. Une mobilisation à l'appel de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. "Ils seront dès 6 heures du matin aux portes de la capitale", sur les autoroutes "A1, A4, A5, A6, A10, A11, A13, A14, A15", et sur les nationales "N1, N2, N12, N20", précisent-ils. Pour le reste de la France, "les formes d'actions varieront en fonction des territoires et des productions", selon la FNSEA.

Parmi eux, Clément Torpier, 29 ans, agriculteur à Provins en Seine et Marne se dit exaspéré par l'agri-bashing. 

Un plein d'essence et un bon coup de nettoyage pour le tracteur de Quentin. "C’est lui qui va aller à la manifestation demain. Je vais lui passer un petit coup de nettoyage pour qu’il soit à peu près présentable si on fait des photos", indique-t-il. 

800 euros par mois

À 29 ans, Quentin possède 170 hectares de terre. Il fait de la grande culture et partage son exploitation avec son père. Au bout de 4 ans de travail, il ne touche toujours pas le SMIC. 

"Là, en ce moment, je suis à 800 euros par mois. Bon, je suis jeune, c’est le début, mais on espère un meilleur avenir donc c’est pour ça aussi qu’on va manifester. Pour rappeler au gouvernement que les agriculteurs existent toujours en France", précise Clément. 

Agri-bashing, polémique sur les zones non traitées, accord de libre-échange. C'est l'accumulation qui pèse sur Quentin. "Soit le gouvernement me dit stop, soit on veut encore des agriculteurs en France, mais on nous accompagne et on nous aide", explique-t-il. 

Après 37 ans à cultiver ses terres, Patrick va bientôt céder ses hectares à son fils et lui qui a vu la situation empirer est très inquiet. 

"Je suis plus malheureux à l’heure actuelle que quand je me suis lancé en 1983. C’est à 60 ans le plus dur. C’est vraiment une remise en question pour savoir ce que la France veut, si elle veut encore des agriculteurs ou pas", indique-t-il.

Patrick sera lui aussi au volant de son tracteur ce mercredi matin pour montrer toute sa colère.

Mahauld Becker-Granier avec Guillaume Descours