La nouvelle vidéo choc de L214 montre des "vaches hublots": à quoi sert cette pratique?

Ces images filmées par l'association de défense des droits des animaux dénoncent l'utilisation de "hublots" implantés dans le ventre des vaches pour permettre un accès direct à leur estomac.

Une vache équipée d'un "hublot". Ce n'est pourtant pas de la science-fiction, mais une pratique expérimentale. 

Dans une nouvelle vidéo, l'association de défense des droits des animaux L214 dénoncent l'utilisation de ces canules implantées dans le ventre des vaches pour permettre un accès direct à leur estomac. 

Sur le flanc des vaches, donc, un hublot d'une quinzaine de centimètres de diamètre. Un scientifique dévisse un clapet et plonge son bras entièrement dans le corps de l'animal afin d'y réaliser des prélèvements directement dans l'estomac de la vache. 

"Ce sont des animaux considérées comme des machines" dénonce Sébastien Arsac, cofondateur de l'association L214. "Ces vaches servent ici à mettre au point des formules d'alimentation afin de produire le plus de lait possible. Depuis les années 1970, on a déjà doublé la production de lait par vaches, c'est à dire qu'on fait des mutilations sur les vaches dans un but mercantile simplement".

L'association les a tournées entre février et mai 2019 dans le premier centre privé européen de recherches en nutrition animale de Sourches, située sur la commune de Saint-Symphorien, dans la Sarthe. Il s'agit du plus important centre de recherche privé d’Europe qui appartient à l'entreprise Sanders, le leader français de la nutrition animale.

Le dispositif est utilisé sur 6 vaches dans ce centre d'expérimentation dédié à la mise au point d'aliments, aliments conçus dans le but d’optimiser la productivité des animaux d’élevage (viande, lait, œufs).

Les vaches souffrent-elles?

Si les images sont dérangeantes, cette pratique, méconnue en France, est pourtant utilisée depuis les années 1970 et très encadrée.

Reste une question: ces vaches souffrent-elles vraiment avec ses canules? L'Institut national de la recherche agronomique (INRA) utilise lui aussi ce type de procédés. Le président du centre de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Jean-Baptiste Coulon est catégorique: ses vaches ne souffrent pas. 

"On a des protocoles, avec des passages devant des comités d'éthique. Ces canules ne sont pas utilisées 10 fois par jour, tous les jours pendant 10 ans. On fait des expériences pour améliorer les conditions, la production, la qualité de ces animaux qui sont chez des éleveurs" explique-t-il sur RMC.

L'association porte plainte aujourd'hui auprès du procureur du Mans pour expérimentation illicite. D'après la réglementation, les expérimentations sur les animaux ne peuvent être menées que s’il y a "stricte nécessité". L'association adresse également une pétition aux ministères de la Recherche et de l'Agriculture, pour mettre fin a l'expérimentation animale qui a pour but de booster la productivité des animaux.

Il existe pourtant des alternatives aux vaches à hublot, comme l’utilisation de panses artificielles. Mais selon l'INRA, l'expérimentation animale reste nécéssaire pour valider les modèles scientifiques. 

Romain Poisot