Lait infantile contaminé: "On ne peut pas faire confiance au système de contrôles"
L'affaire du lait infantile de Lactalis contaminé aux salmonelles a rebondi ce mercredi: en cause la lenteur de la réaction des autorités. Une délégation du ministère de l'Agriculture n'avait décelé aucune anomalie en septembre lors d'un contrôle sanitaire dans l'usine de Craon. Cela s'explique par le fait que l'inspection "portait" seulement sur "un nouvel atelier de mélange à sec de céréales" et pas sur les activités de poudre de lait, a justifié le ministère.
Le ministère affirme n'avoir "pas eu connaissance" des résultats des autocontrôles menés par le groupe en août et en novembre qui avaient décelé, eux, des traces de salmonelles dans les bâtiments, mais pas sur les chaînes de production.
Ingrid Kragl, directrice de l'information chez Foodwatch qui défend les droits des consommateurs, dénonce de graves manquements:
"Ce que révèle ce scandale c'est qu'on ne peut pas faire confiance au système tel qu'il est mis en place aujourd'hui, au système d'autocontrôle qui est une obligation qui pèse sur l'industrie agroalimentaire et qui doit constamment vérifier que les aliments mis sur le marché sont parfaitement conformes et surs. Et puis on ne peut pas faire totalement confiance, semble-t-il, aux contrôles tels qu'ils sont mis en place par les autorités et les consommateurs n'ont plus confiance".
"Un manque cruel d'effectifs"
Et pour Johann Pascot, secrétaire général du syndicat CFTC à la DGCCRF (Direction générale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes), il s'agit aussi d'un manque de moyens: "On note depuis un certain temps qu'il y a des histoires à répétition, dont celle-ci. C'est la démonstration de ce que l'on dénonce depuis une dizaine d'années: un manque cruel d'effectifs. Aujourd'hui, la DGCCRF compte moins de 3.000 agents. Ce n'est techniquement pas possible. Aujourd'hui, il y a des départements qui sont clairement exsangues".