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Lait = viol: le patron de la fromagerie dégradée par des vegans radicaux s’est senti agressé

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Dimanche matin, Thierry Fournier, le patron de la Crèmerie lyonnaise, dans le 5e arrondissement, a découvert que sa vitrine avait été prise pour cible par des vegans radicaux. Si les dégâts matériels sont superficiels, la violence des messages -"lait = viol", "lait = meurtre"-  a touché ce commerçant. Il s’explique à RMC.fr.

Thierry Fournier, patron de la "Crèmerie lyonnaise", prise pour cible par des vegans radicaux.

"Cette affaire prend des proportions qui me dépassent complètement. Des voisins de la fromagerie m’ont appelé dimanche pour me prévenir que le magasin s’était fait taguer. Alors ce sont juste des tags, il n’y a rien de cassé, mais les messages sont très violents: "lait = viol", "lait = meurtre"… J’ai nettoyé moi-même, avec l’aide de l’apprenti de la boucherie voisine qui a, elle aussi, été touchée. Le préjudice matériel n’est pas important. Mais je suis installé depuis peu, c’est mon premier commerce, et on vient me dégrader mon magasin. Pourquoi moi? Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai trouvé ça gratuit.

"Il faut vraiment prendre du recul, et ce n’est pas facile. Il y a des menaces"

J’ai réagi sur la page Facebook du magasin le dimanche soir. Et là, ça a pris des dimensions folles. Il y a de la crainte, parce que quand vous regardez les messages postés, il faut vraiment prendre du recul, et ce n’est pas facile. Il y a des menaces: "c’est que le début", "j’espère la suite sera pire". Je me suis senti franchement agressé. Les gens ont repris une photo avec un homme au milieu de Comté, il se trouve que c’est mon papa qui est décédé il y a deux ans. Ils mettent des commentaires là-dessus, alors forcément ça me touche aussi.

Je n’ai jamais vécu ça de ma vie. On peut tous avoir nos avis, mais de là à aller vandaliser une vitrine… C’est une boutique de quartier, avec une clientèle fidèle, qui connaît mes valeurs, mes produits. On travaille avec les producteurs pour qu’ils soient payés au juste prix. Je les connais ces producteurs, je sais comment ils travaillent avec leurs animaux, je sais qu’ils les adorent. On travaille en circuit court. On respecte les saisonnalités. En ce moment, des chèvres ont mis bas, et comme elles allaitent leurs petits il y a moins de fromage.

"Certains qui m’ont proposé de monter une cagnotte pour me dédommager"

Le restaurant à côté a été tagué également, la boucherie aussi, je ne suis pas tout seul. Ce qui me gêne, c’est que ces gens-là utilisent ma page Facebook pour revendiquer leurs idées. Après, je sais aussi que tous les vegans ne sont pas comme ça, il y en a même certains qui m’ont proposé de monter une cagnotte pour me dédommager. C’est toujours une minorité qui fait les conneries, et c’est la majorité qui paie.

J’essaie de prendre du recul. Mais j’ai du mal à comprendre qu’on puisse abîmer le bien d’autrui gratuitement. J’aurais préféré que ces gens passent à la boutique, qu’on en discute en face, quitte à ce qu’ils me disent "ce que vous faites, c’est de la merde". Mais qu’on passe par derrière… Ce qu’ils ont fait, ça n’apporte rien du tout.

J’ai ouvert dès le lundi. La vie continue. Je ne vois pas pourquoi je fermerais. Je ne vois pourquoi je changerais de métier. J’adore mon métier, j’adore ma clientèle. J’essaie de proposer les meilleurs produits possibles".

Propos recueillis par Antoine Maes