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Les agios, "c'est comme une bouée en plomb qu'on enverrait à quelqu'un en train de se noyer"

Les frais bancaires prélevés après un découvert ou un refus de chèque atteignent 300 euros pour les personnes en difficulté financière, contre 34 euros en moyenne pour les autres clients, selon une étude de 60 Millions de consommateurs publiée ce jeudi. Une réalité vécue par Michel, retraité rencontré par RMC, qui n'arrive pas à sortir la tête de l'eau à cause des agios.

Agios, "frais d'incidents"… Dans une étude publiée ce jeudi, l'association 60 millions de consommateurs dénonce l'explosion des coûts facturés au client dès qu'un découvert est dépassé ou qu'un paiement est rejeté. Selon l'association, les consommateurs en difficulté financière persistante se voient prélever près de 300 euros de frais par an contre huit à neuf fois moins - 34 euros - pour les clients lambda en moyenne.

Les agios, les commission d'intervention… Michel, retraité dans le Nord, depuis un an, connait par cœur. Les fins de mois sont difficiles pour lui, et pendant plusieurs mois, la banque ne lui a pas fait de cadeau. "Ils m'ont demandé à chaque fois entre 300 et 400 euros d'agios. J'étais complétement à découvert et je ne pouvais plus vivre, raconte-t-il sur RMC. Je ne pouvais plus payer mon loyer, je n'avais rien à manger. Je me voyais à la rue."

"Je ne pouvais plus vivre"

Michel, noyé sous les frais, est un symbole des abus des banques, selon l'Union des Associations Familiale, qui a participé à l'étude de 60 Millions de consommateurs. "C'est comme une bouée en plomb qu'on enverrait à quelqu'un qui est en train de se noyer", ironise Fabien Tocqué, qui a enquêté pendant un an sur le sujet pour l'Unaf. "Dans l'idée des banques il s'agit d'envoyer un signal: 'arrêtez de dépenser plus que ce que vous avez'. Mais bien souvent, ces gens n'ont pas le choix. Les banques ne reçoivent pas ces clients, on ne fait pas le point sur leur budget, et au final cela ne sert à rien."

Pas de ristournes pour les clients en difficulté

Jusqu'à 3.000 euros de frais sur l'année ont pu être imposé à des clients, selon l'enquête. Et ce sont les plus fragiles qui sont les plus visés. "Quand les clients sont jugés intéressants sur le plan commercial, là on peut leur faire éventuellement un remboursement. En revanche, les clients qui ont des difficultés régulières n'ont quasiment aucune chance d'avoir des remboursements de frais de découvert", alerte Fabien Tocqué. Une situation qui provoque de grosses tension aux guichets. 88% des agents bancaires estiment que ces frais sont responsables des incivilités dont ils sont victimes.

P. G. avec Thomas Chupin