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"Les prix vont se stabiliser à un niveau élevé": ce que cache le ralentissement de l'inflation

L'inflation a nettement ralenti en France en mai pour s'établir à 5,1% sur un an, après avoir atteint 5,9% en avril et plus de 6% en début d'année, selon des estimations publiées ce mercredi par l'Insee.

L'inversion de la courbe? L’inflation marque le pas en mai 2023: 5,1% selon des données provisoires de l’Insee, contre 5,9% en avril dernier. Cette baisse de l’inflation serait due au ralentissement sur un an des prix de l’énergie, de l’alimentation, des produits manufacturés et des services.

Si l’augmentation des prix décélère, tous les secteurs n’en profitent pas de la même manière. Dans l'alimentaire, les voyants ne sont pas encore au vert, alors que les négociations sur les tarifs ont repris entre les enseignes de supermarchés et les grands industriels.

Chez le primeur, les clients que nous avons interrogés ne voient pas la couleur d'une baisse des prix, même sur la pomme de terre. Certains prix ont doublé pour ce produit de base de l'alimentation.

En raison de cela, Adel doit changer ses habitudes. "J'achète juste ce qu'il me faut pour la semaine. Avant, on prenait deux, trois kilos de patates pour le mois... Maintenant, on achète au fur et à mesure", détaille-t-il.

Une baisse des prix en escalier, après une hausse par l'ascenseur?

Et il n'y a pas que la pomme de terre. Les légumes frais augmentent toujours autant. Plus de 10% en mai, comme en avril. Mais pour Olivier Dauvers, expert de la grande distribution, si leur prix continue d’augmenter, il peut descendre tout aussi vite car ce sont des prix de "cours". "Cela monte très fort pendant une semaine et celle d'après, ça peut baisser très fort car il y a eu beaucoup de récoltes", explique-t-il.

Pour ce spécialiste, il y a des bonnes nouvelles, notamment en ce qui concerne les produits industriels. On serait au plus haut de la courbe, au début de la descente. "Gentiment, mais on y est", assure-t-il.

Et si le chiffre global de l'inflation baisse, c’est principalement lié à l'énergie, dont les prix n’ont augmenté que de 2% en mai, contre 6,8% en avril.

"Il ne faut jamais oublier l'inflation qu'on a prise l'année précédente"

Mais si ces chiffres sont encourageants, Rodolphe Bonnasse, PDG du groupe Aristid Retail Technology et expert de la consommation, invité d'"Apolline Matin" sur RMC ce jeudi matin, vient nuancer les bonnes nouvelles et faire un rappel édifiant: on ne fait que comparer les chiffres par rapport à l'année précédente.

"L'inflation, c'est un peu pernicieux. Il ne faut jamais oublier l'inflation qu'on a prise l'année précédente, insiste-t-il. Quand on fait 'que' +5%, il faut pas oublier qu'on a fait +7% avant."

Mécaniquement, l'inflation va diminuer bientôt, mais il estime que la Première ministre Elisabeth Borne ne prend "pas trop de risques" en annonçant cela, surtout que l'on ne va pas rentrer en période de "déflation". On est ainsi bien sur un ralentissement de hausse des prix et non pas une vraie baisse.

"On imagine que les prix vont se stabiliser à un niveau élevé. C'est pour ça que nous, les consommateurs, devrons continuer à être extrêmement attentifs à tout ce qu'on achète", lance Rodolphe Bonasse, qui regrette les pincettes prises pour faire maintenant baisser les prix.

"Pourquoi encadre-t-on le dispositif de négociations à la baisse, quand on n'a pas encadré celui à la hausse?", s'interroge-t-il, trouvant le gouvernement "timoré" et "frileux" face aux grands industriels.

Pierre Bourgès et J.A.