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Manifestation Deliveroo: "Ce nouveau contrat entraîne plus de pénibilité et de dangerosité"

Des livreurs Deliveroo lors de la manifestation du 15 mars 2017 à Bordeaux

Des livreurs Deliveroo lors de la manifestation du 15 mars 2017 à Bordeaux - EORGES GOBET / AFP

Après les manifestations à Bordeaux et à Lyon, les livreurs Deliveroo manifestent contre leur employeur ce vendredi à 19h à Paris. Ils souhaitent revendiquer leurs droits, et revenir à une rémunération horaire, qui permet une plus grande stabilité qu’une rémunération à la course.

Un pas de plus vers la précarité. L’entreprise de livraison de plats cuisinés Deliveroo a décidé cet été d’imposer un nouveau contrat à ses livreurs. Parmi les points importants de ce dernier, le changement du mode de rémunération fait particulièrement grincer des dents les “bikers”.

Jusqu’ici, ceux qui ont commencé à travailler pour Deliveroo avant septembre 2016 étaient payés 7,50 euros de l’heure, et les autres à la course. Ils seront désormais tous logés à la même enseigne, et rémunérés à hauteur de 5 euros (5,75 euros à Paris) la course.

"Je me suis fait avoir"

Emile fait partie des anciens, et sera place de la République ce vendredi soir pour revendiquer ses droits:

“J’ai été payé à l’heure pendant deux mois, mais je me suis fait avoir sur le contrat. Ils m’avaient promis des minimum garantis assez alléchants, sauf qu’ils les ont enlevés très rapidement”, se désole-t-il. "Désormais, ils menacent les livreurs qui refusent de signer le nouveau contrat de les virer”.

Pour lui, ce nouveau contrat marque une nouvelle forme d'instabilité:

"Désormais ce sera beaucoup plus instable, il n'y aura aucun moyen de savoir combien on va gagner à l’avance" s'inquiète-t-il. "Il y a des jours où on gagnera certainement plus, avec 5 euros la course, si on en fait quatre, ça va. Mais il y a d’autres jours où on gagnera beaucoup moins, où on restera connecté en étant disponible trois heures pour Deliveroo pour juste quelques piécettes. En moyenne on fait environ 1,5 ou 2 courses par heure, parce qu’il y a quelques heures creuses où il ne se passe rien", explique-t-il.

"Deliveroo ne veut pas revenir en arrière"

En plus de l'instabilité financière qu'il génère, ce nouveau contrat pourrait avoir des conséquences physiques, d'après Emile.

"Ça va entraîner plus de pénibilité et de dangerosité" estime-t-il. "Parce qu'être payé à la course nous force à aller beaucoup plus vite, à prendre des risques, à slalomer entre les voitures, griller des feux rouges... Alors que quand on est payé à l’heure on peut prendre plus notre temps, faire attention".

S'ils devraient être plus d'une centaine à manifester ce vendredi, les livreurs ont conscience que les négociations avec Deliveroo seront rudes.

"À Deliveroo, ils ont fait savoir qu’ils étaient totalement contre un retour à la rémunération horaire, que c’était impossible pour eux de revenir en arrière" poursuit Emile. "Donc pour l’instant ce qu’on revendique c’est une augmentation de la rémunération à la course, pour qu'elle passe à 7,5 euros. Mais bien sûr l’objectif final est d’imposer une rémunération à l’heure et d’imposer des minimum garantis".

Les "bikers" se sont donné rendez-vous à 19 heures place de la République, et seront accompagnés du Clap (Collectif des livreurs autonomes de Paris), de SUD commerces et services et la CGT commerce et services.

Céline Penicaud