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"Monétiser", "pseudonymisées": pourquoi Carrefour veut vendre les données de ses clients

"DUPIN QUOTIDIEN" - Le groupe veut revendre les données de ses clients pour "faciliter l'expérience client".

C’est un nouveau produit assez particulier que va vendre le groupe Carrefour: les données de ses clients. Comment? Grâce à une plateforme qui va agglomérer les données d'achats des dizaines de millions de clients à travers le monde grâce aux cartes de fidélité et aux achats sur le site Carrefour.fr.

Pour le grand public, le but affiché par Carrefour est de "faciliter l'expérience client". Concrètement, ça va permettre au distributeur d’envoyer des publicités ciblées, ou d’alerter par exemple si vous avez oublié votre jus d'orange préféré dans votre panier sur Internet.

Ça, c'est un premier aspect, mais surtout Carrefour va pouvoir vendre toutes ces données. La communication du groupe préfère employer le mot "monétiser" ou "partager contre rémunération". En clair, c'est bien de la vente de données.

Des données anonymisées?

Alors vendre à qui? À des fournisseurs par exemple comme le géant Procter & Gamble pour les aider à mener leurs campagnes de publicité, pour qu'ils sachent quels types de consommateurs cibler avec quels produits ou quand ils les achètent.

Mais Carrefour insiste beaucoup sur le fait que tout ça sera très transparent. Et que le consentement du client sera toujours demandé: il suffira de cocher une case pour dire qu'on ne souhaite pas en recevoir. 

Par contre, Carrefour pourra toujours utiliser vos données d'achat pour les agglomérer à celles d'autres acheteurs et ensuite les revendre aux fournisseurs.

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Normalement, le groupe ne va pas vendre des données avec votre nom et votre prénom, ce seront des données "pseudonymisées". Ça veut dire qu'on ne pourra pas vous identifier de façon directe, mais ce ne sont pas non plus des données anonymisées puisque la pseudonymisation est... réversible. Cela reste donc des données personnelles, sans garantie absolue d'anonymat.

La CNIL - qui surveille l'utilisation des données en France - va regarder tout ça de très près. D'autant plus que Carrefour a déjà été condamné il y a quelques mois à plus de deux millions d'euros d'amende pour des manquements en matière de traitement des données personnelles. Le groupe avait, par exemple, conservé des données qui auraient dû être effacées et ignoré des refus de publicités. Mais la direction promet que ces pratiques n'ont plus lieu d'être.

Marie Dupin