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Municipales 2020: à Douai, le centre-ville subit la forte concurrence des grandes zones commerciales

Désindustrialisation du bassin minier, concurrence des grandes surfaces… Le centre-ville de Douai a perdu au fil des années de son attractivité. Redynamiser le centre-ville était la priorité du maire sortant et c’est encore l’un des principaux enjeux des élections municipales cette année.

Le centre-ville de Douai a perdu au fil des années de son attractivité notamment à cause de trois zones commerciales qui encadre la ville. Redynamiser le cœur de la ville était la priorité du maire sortant et reste cette année encore l’un des enjeux de la campagne des municipales.

Une dizaine de kilomètres, des champs et l’autoroute A1 séparent Douai de ce que Sylvie Debrayne, restauratrice et présidente des commerçants douaisiens surnomme “Le Mastodonte…”. "Alors je vous emmène dans la très grande zone commerciale le plus gros aspirateur 80.000 mètres carré, c’est monstrueux, depuis 30 ans on a laissé faire s’installer et aujourd’hui on s’aperçoit qu’il n’y a plus personnes dans les villes", explique-t-elle. 

Nous sommes en début de matinée et déjà des centaines de voitures sont alignés et les premiers caddies remplis.

"Après les gens vont se ruer dans les restaurants. Je crois qu’il y a à l’étage 80 restaurants différents. Ce qui nous effraie, c’est que forcément les gens disent qu’ils ont tout sous la main dans un confort agréable. Nous évidemment à notre toute petite échelle commerçants indépendants, on a des difficultés à lutter contre ça, mais on ne baisse pas les bras, surtout pas", affirme-t-elle. 

Une clientèle aspirée, absorbée et un centre-ville déserté. “Il y a 18 commerces fermés. Vous vous rendez compte, c’est beaucoup. Quand vous voyez des bâtisses comme ça qui sont fermées d’autres qui ouvrent qui ferment deux ans après, c’est dommage, ça me fait mal au cœur", assure Anne-Marie. 

50 boutiques ouvertes en 2019

Pour cacher les vitrines vides, des autocollants géants, des commerçants souriants au-dessus d’une pancarte “A LOUER” pas suffisant pour Ryad, 22 ans. "Il n’y a pas beaucoup de monde en plus comme vous pouvez voir c’est les vacances scolaires il n’y a pas trop de jeunes, il n’y a rien à Douai. C’est mort ...", indique-t-il. 

Face à ce constat, l’année dernière, la municipalité a décidé d’embaucher un “développeur de centre-ville” en charge de prospecter et d’encourager les commerces à revenir. Pauline a décidé elle aussi de tenter sa chance. Elle a ouvert son magasin de puériculture il y a 3 mois.

"Je pense que c’est important d’ouvrir des petites boutiques comme ça indépendantes avec des produits qui sont innovants et qui changent de ce qu’on peut trouver. Je ne vois pas pourquoi ça ne marcherait pas, c’est une super belle ville, il faut juste trouver les bons produits et du courage", affirme la jeune commerçante. 

À moins de 100 mètres, un nouveau salon de thé, celui de Carl Delaporte, 50 ans, ouvert depuis 4 mois et demi. "Parce que c’est la ville dans laquelle j’habite, je ne concevais pas de m’installer ailleurs. Aujourd’hui, le démarrage est prometteur", indique-t-il. 

Il attend des candidats aux municipales, des actes concrets en faveur des petits commerces. "Les promesses affichées ‘je veux redynamiser le centre-ville’, c’est merveilleux mais comment ? Quelles sont les actions que vous voulez mettre en œuvre pour le réaliser ? Là, c’est un peu plus vague", juge le commerçant. 

50 boutiques ont ouvert en 2019, un record depuis le début du mandat, mais encore insuffisant pour compenser les fermetures.

Marie Monier et Laura Taouchanov avec Guillaume Descours