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Paul François, céréalier en procès contre Monsanto: "Ils jouent la montre en espérant que la maladie nous tue"

Paul François, céréalier charentais, était l'invité de Bourdin Direct ce lundi matin. Il s'est réjoui de la lourde condamnation du géant agrochimique américain Monsanto, vendredi aux Etats-Unis.

Monsanto est coupable. Vendredi aux Etats-Unis, la firme agrochimique américaine a été condamnée à payer près de 290 millions de dollars de dommages pour ne pas avoir informé de la dangerosité de son herbicide Roundup, à l'origine du cancer d'un jardinier américain, Dewayne Johnson.

Une bonne nouvelle Paul François, céréalier charentais, lui-même en procès contre Monsanto. Intoxiqué par le Lasso (retiré du marché depuis) qu'il utilisait dans ses champs de maïs, il souffre aujourd'hui de troubles neurologiques.

"Il faut être courageux pour s'attaquer à la maladie et aux avocats de Monsanto"

"J'ai une pensée pour M. Johnson, parce que pour s'attaquer à la maladie et aux avocats de Monsanto, il faut être courageux. J'ai pensé aussi aux autres victimes dans le monde. J'ai pu rencontrer en Argentine des mamans qui ont perdu leur enfant à la naissance ou qui ont accouché d'enfants malades à cause de l'épandage aérien de pesticides qui se battaient contre Monsanto. Ça donne de l'espoir à toutes ces victimes. A titre personnel, Monsanto ne pourra plus dire dans sa défense que ses produits ne sont pas dangereux", a-t-il réagi sur RMC.

Et de dénoncer la stratégie de Monsanto:

"Il faut tenir parce que Monsanto, en jouant la montre, estime qu'ils vont être plus fort, que la maladie gagnera sur nous, soit on disparaîtra physiquement, soit on va perdre force. Il faut être uni et montrer que même si on est malade, on peut être plus fort que cette firme qui n'a pas eu de scrupule à commercialiser des produits pour se faire du profit sur la santé des agriculteurs et des consommateurs. Il faut vraiment prendre conscience de ce qui se passe avec cette multinationale qui a été rachetée par Bayer. En la rachetant, ils rachètent aussi cette stratégie".

"Le gouvernement a fait machine arrière"

Selon lui, il est urgent de trouver des alternatives aux pesticides et herbicides: "En France, on n'en n'a pas fait assez. Nicolas Hulot s'engage à le faire retirer d'ici trois ans mais le reste du gouvernement n'a pas souhaité l'inscrire dans la loi. On voit bien qu'il y a eu machine arrière sous la pression des firmes et de Monsanto en particulier. Il faut que Nicolas Hulot tienne. Il y a urgence à ce que ce produit soit retiré avec un calendrier précis. Ce n'est même plus un principe de précaution, c'est tout simplement du bon sens. Il faut réorganiser le travail agronomique, accompagner les agriculteurs vers la sortie du glyphosate. Il faut mettre des moyens dans la recherche. Il ne faut pas le remplacer par une autre molécule qui pourrait être dangereuse. Tous les pesticides devraient être remplacés par de l'agronomie".

P.B.