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Peut-on se plaindre de son travail dans sa messagerie interne ?

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Un salarié d'un site d'Amazon a été licencié suite à des propos tenus sur une messagerie interne à l'entreprise. Est-ce légal ?

Le 12 mai dernier à Lyon, Jérémy a eu la mauvaise surprise de recevoir son licenciement. L'entreprise Amazon, a décidé du jour au lendemain de se séparer de cet employé modèle après avoir lu des messages négatifs de sa part dans la messagerie interne au groupe.

Au total, du 3 mars au 15 avril, Jérémy a écrit quatre messages en pointant du doigt les trop faibles augmentations de salaires dans l’année. Pour le géant américain, c’est une faute grave avec effet immédiat.

Mais le salarié avait-il le droit d’envoyer ces messages ? Pour Avi Bitton, avocat spécialisé dans le droit du travail, "la règle, c’est la liberté d’expression" même si certaines limites existent.

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Quand est-ce qu’il y a licenciement ?

Il y a condamnation quand les messages envoyés sont "injurieux" ou "lorsqu’il y a diffamation". La faute est plus grave encore, quand ceux-ci sont adressés à l’extérieur de l’entreprise. Par exemple, à des fournisseurs ou à des clients potentiels.

Mais il faut là aussi faire la distinction entre supérieur et subalterne. "Plus vous êtes dans un niveau de direction, d'encadrement, et plus vous avez un devoir de loyauté envers la direction, précise Avi Bitton. Plus bas vous êtes dans l’échelle hiérarchique et plus vous avez de liberté d’expression."

Il n’est donc pas interdit de communiquer dans la messagerie interne d'une entreprise. Le faire, c’est au contraire "au bénéfice de l’employeur, insiste l’avocat du droit du travail. Le risque sinon, c’est de museler vos salariés ce qui n’est pas bon pour le climat social d’une société."

Et si la conversation est privée ?

Lorsque la conversation par messagerie concerne seulement deux personnes, elle rentre dans le cadre du secret des correspondances. L’entreprise n’a pas le droit de les utiliser, à une nuance près.

"Le salarié doit prendre une précaution dans l’objet du mail, en mettant personnel (ou privé)", ajoute Avi Bitton. Aussi, si l’employeur peut toujours lire les échanges de ses employés, il ne pourra donc pas s’en servir contre eux.

Dans tous les cas, l’entreprise est obligée de notifier à son employé au moins d’un avertissement avant qu’elle ne décide de se séparer de lui.

À Lyon, Jérémy va contester son licenciement auprès des prud’hommes.

Léa Coupau avec Victor Joanin et Elodie Joly