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Pouvoir d'achat: "La moitié des Français ne vivent pas convenablement" selon le Crédoc

Les aides du gouvernement aux ménages les plus modestes ne parviendront pas à enrayer les difficultés financières des Français. Car les dépenses contraintes sont toujours en augmentation, notamment celles liées au logement, véritable point noir du pouvoir d'achat en France.

Un petit coup de pouce avant Noël. Les Français les plus modestes, ceux qui touchent moins de 2000 euros par mois, vont commencer à recevoir la prime inflation de 100 euros. Dans la foulée, la prime de Noël de 152 euros va être versée à partir du 15 décembre aux bénéficiaires de certains minimas sociaux. Enfin, ce sont les 100 euros de coup de pouce aux bénéficiaires du chèque énergie qui devraient être versés aux Français les plus en difficultés.

Mais ces aides ne sont qu'un pansement, alors que la situation financière des Français a empiré avec la crise sanitaire: "Ces aides sont les bienvenues, mais cela ne va pas compenser les augmentations de l'énergie sur plusieurs mois", alerte ce lundi sur RMC, Pascale Hébel, directrice du pôle consommation au Crédoc, le Centre de Recherche pour l'Étude et l'Observation des Conditions de Vie, un organisme d'études et de recherche au service des acteurs de la vie économique et sociale.

"La moitié des Français ne vivent pas convenablement. On mesure ça notamment en leur demandant s'ils arrivent à manger convenablement et la moitié dit 'non'", ajoute-t-elle précisant que le principal problème lié au pouvoir d'achat reste le logement.

"Il y a aussi la moitié des Français qui ont du mal à payer leurs charges de logement. Il y a un problème en France avec le poids du logement. On est le pays avec le Royaume-Uni où le poids du logement le plus important. Dans le logement on prend en compte le prix des loyers auxquels s'ajoutent le prix de l'énergie et de l'eau", assure Pascale Hébel.

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"Il y a 4 millions de gens vulnérables en plus"

Ce poids s'explique de plusieurs manières. En France, par rapport à d'autres pays européens, il y a beaucoup plus de maisons, "donc plus de difficultés à chauffer et de travaux pour la rénovation énergétique". Il y a aussi le modèle français de la propriété: les loueurs sont d'autres individus et les loyers sont donc plus élevés que dans des pays du nord de l'Europe où les appartements appartiennent à des institutions.

Si le pouvoir d'achat n'a pas baissé, comme l'indique le gouvernement, les dépenses contraintes ont augmenté, notamment pour se loger: "Ce qui augmente depuis 30 ans, ce sont les dépenses de logement. On est dans un modèle où le prix pour se loger est de plus en plus élevé. Et ce n'est pas calculé dans le pouvoir d'achat"

Et sans surprise, la pandémie n'a pas arrangé la situation des plus modestes: "Avec le Covid-19, on a découvert de nouvelles personnes demandant des aides. Il y a 4 millions de gens vulnérables en plus qui demandent les aides. Beaucoup de gens ont subi des décès et des divorces. Les gens se sont retrouvés ensemble et ça a été catalyseur parfois". Conséquence, le pouvoir d'achat a été divisé par deux pour certains. Une situation amplifiée par le besoin de se loger.

"100 euros, ce n'est pas suffisant pour le carburant. Je pense aussi aux étudiants qui ont de grosses difficultés économiques, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans. Ils n'ont pas de quoi se loger. On ne fait rien sur la question du logement", ajoute Pascale Hébel.

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Guillaume Dussourt