"Produire à perte, ce n'est plus possible": la loi va-t-elle enfin protéger la rémunération des agriculteurs?
Comment assurer de meilleurs revenus aux agriculteurs ? Moins de 3 ans après la loi Alimentation, un nouveau texte porté par la majorité arrive à l'Assemblée ce jeudi. L'objectif est de renforcer le pouvoir des agriculteurs dans les négociations avec industriels et supermarchés.
Pour y parvenir, cette proposition de loi prévoit de fixer le prix payé aux agriculteurs sur trois années consécutives en rendant obligatoire les contrats entre les agriculteurs et les entreprises qui vont transformer leurs produits. Un moyen pour les producteurs de pouvoir anticiper et sécuriser leur revenus à venir.
"Comme on n'a pas de prix garanti on ne sait pas trop où on va"
Des prix fixés à l'avance par contrat, certains agriculteurs ont déjà opté pour cette solution. Être à la merci des prix du marchés, c'est pour Edouard Cackaert, éleveur dans le Loiret, se heurter sans cesse à la même angoisse.
"On n'a aucune vision. Ca peut chuter du jour au lendemain, on l'a vu avec le Covid. Ca peut chuter comme reprendre derrière en un mois, comme on n'a pas de prix garanti on ne sait pas trop où on va"
Alors pour retrouver un peu de sérénité, il a mis sous contrat 20 vaches chargées d'alimenter des grandes enseignes. Le prix de la viande, il l'a directement fixé. Pour chaque kilo de carcasse, il encaisse quoiqu'il arrive 4 euros, et ça change tout.
"La bête , même si elle part dans six mois on sait qu'on aura une somme précise. Ca permet d'anticiper des achats. On sait qu'on pourra payer. on sait qu'on peut se rémunérer grâce à ça."
"Nous, aujourd'hui, la production à perte c'est fini. On veut gagner notre vie dignement"
C'est ce type de contrat que souhaite généraliser la proposition de loi. Imposant une durée de 3 ans, et un prix sanctuarisé par l'exploitant. Mais attention prévient Samuel Vandeale, président des Jeunes Agriculteurs, la négociation devra se faire impérativement au juste prix.
"Sur du lait, aujourd'hui on voit que, malgré un coût de production à 380 / 400 euros les 1.000 litres. les producteurs sont payés entre 320 et 340 euros. Ca veut dire qu'ils produisent à perte. Nous, aujourd'hui, la production à perte c'est fini. On veut gagner notre vie dignement"
Les rapporteurs du texte, estime que ces contrats n'entraineront pas d'inflation des prix dans les supermarchés.