Bénéfice record pour Total: "Les salariés restent les grands perdants" déplore un syndicaliste
Le CAC 40 ne connaît pas la crise. Les 40 entreprises françaises aux plus grosses cotations boursières ont enregistré des bénéfices records. Et la palme revient à Total Énergies. Total a annoncé ce jeudi avoir engrangé un bénéfice net de 5,7 milliards de dollars au deuxième trimestre, plus que doublé sur un an, profitant à plein de la hausse des cours du pétrole et du gaz faisant suite à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Un bénéfice qui a été réalisé en dépit d'une nouvelle provision de 3,5 milliards de dollars liée à l'impact potentiel des sanctions internationales sur la valeur de sa participation dans le groupe russe Novatek, a indiqué le groupe dans un communiqué.
Et le groupe continue de s'enrichir, bien aidé par la hausse des prix du pétrole en raison de la guerre en Ukraine. Des bénéfices records qui profitent surtout aux actionnaires. "Dans la politique de Total, le premier privilégié, c'est l'actionnaire", explique ce jeudi sur RMC Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité d’entreprise européen de Total Energies. "Ensuite, on fait des mesures pour les clients", alors que le groupe va offir une ristourne de 20 centimes sur les prix de l'essence à ses clients.
"Malheureusement, les salariés de Total restent les grands perdants. Les 5,8% d'inflation ne sont pas compensés pour les salariés", dénonce le syndicaliste. Les employés du pétrolier appellent à la grève pour obtenir leur part du gâteau, après un premier mouvement le 24 juin dernier.
"On appelle 35.000 salariés à se mobiliser mais cela va être mitigé car on est au milieu de l'été. Mais cette grève peut aider à créer une dynamique à la rentrée et faire en sorte que Total compense les effets de l'inflation sur les rémunérations", ajoute Thierry Defresne.
"On a eu une prime de 200 euros, il nous faut bien plus"
Car les bénéfices records ne profitent pas à tous les employés du groupe. "Il y a un dispositif d'intéressement et participation que l'on a vu sensiblement augmenter, mais il y a une inflation à 5,2%. On a eu une prime de 200 euros après la grève de juin mais ça ne suffit pas. Face aux bénéfices records, il nous faut bien plus. Il faut des hausses de salaires", appelle-t-il.
Pas question de jalouser les autres cependant. À commencer par Patrick Pouyanné, le PDG du groupe, qui a vu sa rémunération augmenter de 52% en 2021. "Cela fait suite à une baisse de rémunération lors de la crise du Covid-19", reconnaît le syndicaliste, qui déplore plutôt les gestes faits aux actionnaires.
"Total a dépensé 10 milliards d'euros sur ses résultats 2021 pour payer les actionnaires avec des dividendes ou des opérations de rachats d'actions. Il y a un vrai déséquilibre entre ce qui est donné aux actionnaires, ce qui est investi et ce qui est donné aux salariés", assure Thierry Defresne.
Et si Total Énergies peut se targuer de tels records de bénéfices, c'est parce que rien n'est fait pour fixer les prix de l'énergie, selon le syndicaliste. "Il faudrait un pôle public de l'énergie qui permettrait de fixer les prix du carburant et du gaz. On ouvre la porte à cette possibilité de faire des bénéfices extraordinaires", plaide-t-il, réfutant de qualifier Total Energies de "profiteur de la crise".