"Les plaintes contre Charlie Hebdo, un retour au Moyen Âge": l’avis tranché d’Arthur Chevallier

Deux associations catholiques ont porté plainte contre Charlie Hebdo pour incitation à la haine religieuse à la suite d’un dessin satirique où la vierge Marie était insultée. Un démêlé de plus entre Charlie Hebdo et les différents cultes. C’est tout bonnement le retour du Moyen Âge… Et au train où vont les choses, il faudra bientôt s’excuser de douter de l’existence de Dieu. Cette plainte contre Charlie Hebdo pourrait apparaître comme anecdotique. Mais elle s’inscrit dans un contexte où il est devenu de plus en plus habituel de s’indigner, en toute détente, d’un propos, d’une mise en scène, d’un dessin, d’un article. Et souvenez-vous de la polémique liée à la reproduction de la cène pendant l’ouverture des JO…
Les croyants sont un prétexte bien utile pour faire taire ceux qui ne croient pas. Petit à petit, on nous habitue à considérer la liberté comme un plaisir. C’est-à-dire quelque chose de bien agréable, mais dont il ne faut surtout pas abuser. Et à montrer du respect pour tout ce qui appartient au sacré. Soit le contraire de l’esprit de la République en France.
Le délit de blasphème n’existe pas
Alors, la France est-elle particulièrement hostile aux religions? Disons qu’on les tient volontairement à bonne distance de l’Etat, et depuis longtemps. C’est un pays qui a quand même fait une révolution pour se débarrasser d’une monarchie où tous les abus étaient permis parce que Dieu était d’accord. Depuis, la règle est assez simple: tout le monde a le droit de croire ce qu’il veut, dans le respect et la dignité, et les religions n’ont aucun privilège. Et d’ailleurs, le délit de blasphème n’existe pas. On peut s’en moquer comme de n’importe quoi: d’un chanteur, d’un homme politique, d’un présentateur, et même d’un président. Comme le dit l’avocat de Charlie Hebdo Richard Malka, on a tous le droit d’emmerder Dieu, et, en République, Dieu ne fait pas la loi.
Si on compare l’insolence vis-à-vis de la religion, qui était monnaie courante jusqu’à la fin des années 1990, à aujourd’hui, on constate quand même qu’on peut désormais risquer sa vie pour une caricature. Et ça commence toujours de la même manière: des leçons de morale dans le but de provoquer un sentiment de culpabilité. Bref, tout ce qui est naturel et agréable, comme rire, s’amuser, s’exprimer est alors soumis à un règlement de bonne conduite. Et quand des religions commencent à vouloir contraindre la liberté d’expression, en général, elle se mettent ensuite à vouloir contrôler l’intelligence. C’est alors le début des chasses aux sorcières. Et elles commencent toujours par les artistes et les intellectuels.