Des heures d'attente et une mortalité en hausse: le temps de prise en charge aux urgences a explosé

L'attente aux urgences est de plus en plus longue pour une prise en charge. Ce constat est le même dans la majorité des établissements publics français selon ce que nous révèle la Drees, la Direction des études et des statistiques.
Elle publie ce mercredi les résultats de son étude menée pendant 24h en juin 2023, auprès de 58.500 personnes et dans 719 points d'accueil. Selon ces chiffres, la moitié des patients pris en charge ont passé plus de 3h aux urgences. C'est 45 minutes de plus qu'en 2013. 12% des patients ont même passé plus de 8h dans le service.
“Cette étude montre cette dégradation de la prise en charge des patients aux urgences parce que plus vous attendez, moins c’est bien pour vous. Les motifs sont multiples mais on peut en citer essentiellement trois. Le premier, c’est le vieillissement de la population. Le deuxième c’est la dégradation des soins et de l’accessibilité aux soins de manière générale et le troisième point c’est la diminution du nombre de lit qui sont accessibles pour les patients qui nécessitent une hospitalisation depuis les urgences”, explique Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France.
Résultat, "la mortalité augmente chez les personnes âgées alors que des professionnels quittent le métier car ils estiment qu'ils ne peuvent pas travailler correctement", alerte le médecin.
Devant les urgences à Lyon, Anhen et sa famille prennent leur mal en patience. “J’attends d’avoir des nouvelles de ma maman qui a été amenée par les pompiers après un malaise à la maison”, confie-t-elle.
Pour l’instant, une heure d’attente. Raisonnable, selon elle, même si elle aimerait en savoir un peu plus sur la suite de la prise en charge. “On nous a dit de prendre un ticket si on avait besoin d’informations, chose qu’on a faite mais on ne nous a toujours pas appelé pour nous donner quelconque information”, déplore Anhen.
Trop peu d'alternatives pour les patients
Une attente parfois mal vécue par les patients et leurs proches. Comme Jade, venue accompagner une amie blessée. “C’est frustrant, énervant. C’est choquant parce que ça n’arrive pas tous les jours”, dénonce-t-elle.
Mais ces temps d’attente dépendent essentiellement de la gravité de la situation. Karim Tazarourte, chef des urgences de l'hôpital Edouard-Herriot.
“Pour les patients qui arrivent sur leurs pieds et qui repartent pour un soin non programmé, dans les quatre heures c’est réglé. Pour les patients qui ont besoin d’une hospitalisation on est environ à 6h de prise en charge et pour les patients très graves on est à moins d’une heure”, explique-t-il.
Selon le médecin, la moitié des patients présents dans le service ne relèvent pas d’une urgence. Mais ils manquent d'alternatives. “C’est pour ça que nous militons pour le développement de structuration de médecins généralistes, d’infirmiers, qui peuvent gérer ces profils de patients qui arrivent en soin non programmé avec un peu de radiologie, un peu de biologie”, appuie-t-il.
Les autorités conseillent de toujours appeler le 15 avant de se rendre aux urgences.