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Vente de carburant à perte: les stations-service indépendantes toucheront une compensation

Les stations-service indépendantes, qui alertaient sur l’impossibilité pour elles de vendre du carburant à perte, ont obtenu la mise en place d’un fonds d’indemnisation.

Elles n’ont pas les reins aussi solides que la grande distribution et les pétroliers. Après l’annonce par le gouvernement de l’autorisation de la vente de carburant à perte, à partir du mois de décembre si la loi est votée, les stations-service indépendantes ont alerté le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno Le Maire, sur leur impossibilité de s’aligner sur des prix revus à la baisse chez leurs grands concurrents. Francis Pousse, leur représentant, président national de la branche distributeurs carburants et énergies nouvelles du syndicat Mobilians, a été reçu à Bercy ce lundi. Et il en est ressorti avec une garantie sur la mise en place d’un fonds d’indemnisation.

"Il a déjà fallu qu’on rappelle au gouvernement comment était constitué le réseau de stations-service français, explique Francis Pousse dans ‘Apolline Matin’ ce mardi sur RMC et RMC Story. Souvent, ce qu’on pense, c’est que dès que vous avez une image de pétrolier, ça veut dire que vous êtes adossé à un pétrolier et que donc que les dépenses et les pertes sont prises en compte par le pétrolier. Mais ce n’est absolument pas ça. Moi, dans les 5.800 stations, j’ai 4.200 indépendants qui possèdent leur fonds de commerce. Une partie est sous enseigne Total donc protégée en ce moment par le bouclier à 1,99 euro. Mais il en reste 2.400 à côté qui sont opérés par des distributeurs et non plus des pétroliers, comme Esso, Avia, BP… Ils dépendent du gros distributeur et non plus du pétrolier. La différence est de taille parce que dans ces cas-là, il n’y a pas de moyen d’agir sur les prix."

"Bruno Le Maire a bien compris notre position, ajoute-t-il. C’est pour ça qu’on est arrivé à la mise en place d’un fonds de compensation qui est destiné à indemniser, si la mesure va jusqu’au bout parce que je rappelle qu’il faut qu’elle passe devant le Parlement, sur six mois. Cela viendrait compenser les pertes de marge des stations-service. Ce sera une déclaration, mois par mois, de ce que vous avez perdu. C’est important. On parle depuis des années de la désertification rurale des stations. Si demain, on doit perdre 500 stations, ça coûtera beaucoup plus cher que de maintenir le réseau. On ne parle pas de sommes considérables. C’est nécessaire, parce qu’il faut maintenir des stations en ruralité et en zone péri-urbaine. On est un service au public, un service essentiel."

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"Il faut des aides conséquentes pour qu’on aille vers la transition"

Au-delà de cette période de vente à perte, les petites stations vont devoir se transformer pour s’adapter à la transition énergétique, avec notamment de plus en plus de voitures électriques, en ayant besoin aussi du soutien de l’Etat. "Le gouvernement prévoit, à échéance 2030, -30% de vente de produits fossiles, rappelle Francis Pousse. Il faut qu’à ce moment-là, on ait muté vers les nouvelles énergies, comme les carburants de synthèse, auxquels je crois beaucoup, et évidemment les bornes électriques, mais cela coûte tellement cher qu’il faut nous aider. Une borne électrique en station-service, ça ne peut être qu’une borne rapide, parce que malheureusement on n’a pas le temps comme dans les supermarchés, et c’est 100.000 euros. Aujourd’hui, cette dépense subventionnée à 60% dans les critères actuels, ça fait encore 40.000 euros à la charge de l’exploitant. Il vous faut donc cinq charges par jour pendant cinq ans pour commencer à gagner. Le modèle économique sur ces recharges est compliqué à apprécier, donc il faut des aides conséquentes pour qu’on aille vers la transition. On n’est absolument pas resté sur le tout-pétrole, on a bien compris qu’il fallait que ça se termine. Mais il faut nous aider."

LP