11-Novembre annulé à Castillon: "Il n'y a que comme cela que l'on peut se faire entendre"

REPORTAGE - Mercredi 11 novembre, la France célèbrera l'armistice de 1918, qui marque la fin des combats de la Première Guerre mondiale. Mais une commune française ne participera pas aux commémorations: Castillon, un petit village de 400 habitants niché sur les hauteurs de Menton dans les Alpes-Maritimes.
Pour les trois prochaines années, communes et intercommunalités vont devoir se passer de 11 milliards d'euros de la part de l'Etat. Des économies forcées qui ont un impact sur la vie de tous les jours et sur le bon fonctionnement de certaines administrations. Face à cette importante baisse des dotations, les maires réagissent et prennent des décisions parfois drastiques. Ainsi, à Castillon, un petit village de 400 habitants niché sur les hauteurs de Menton dans les Alpes-Maritimes, le maire a pris une décision symbolique.
"Je déplore cette situation"
Pour protester contre la baisse de 12.000 euros de l'aide étatique, Philippe Rion a fait savoir qu'il n'organiserait plus aucune commémoration officielle. Finies les cérémonies du 8 mai, du 14 juillet, des vœux du maire… Car tout cela a un coût, estimé à 2.000 euros sur le budget annuel du village. Seule la commémoration de septembre 1944 est conservée car le village avait été rasé lors de la Seconde Guerre mondiale. Autant d'économies donc qui ont pour première conséquence que ce mercredi 11 novembre, le village ne fêtera pas la fin des combats de la Première Guerre mondiale.
Une décision regrettée par Jean, 87 ans, ancien combattant dans Bourdin Direct: "Le 11 novembre, régulièrement, nous faisions une présentation devant les tombes des personnes mortes durant la guerre. Je n'ai jamais manqué cela, je ne peux pas manquer à cela. Je déplore cette situation. On n'a qu'à oublier le 14 juillet, l'Arc de Triomphe, la Bastille,… On peut oublier tout ça. Je trouve ça lamentable".
"Augmenter le moins possible les impôts"
De son côté, Jean-Michel comprend les motivations du maire. "L'école risque de fermer l'année prochaine à cause du manque de budget", souligne-t-il avant d'estimer que "de ne pas faire ces commémorations est une forme de résistance". Il ajoute: "De toute façon, moi je n'y vais jamais. Ce n'est donc pas si important que cela". Interrogé par RMC, Philippe Rion se justifie.
"La baisse des dotations va avoir un impact relativement important sur la commune. Et comme je veux augmenter le moins possible les impôts et bien je taille partout où c'est possible. Je vais ainsi gagner 2.000 euros mais sur 12.000 il m'en reste donc 10.000 à trouver". Et de reconnaître : "C'est un peu symbolique de toucher aux commémorations mais malheureusement il n'y a que comme cela que l'on peut se faire entendre aujourd'hui".