80 km/h sur les nationales: la réponse d'Edouard Philippe ne convainc pas les sceptiques

Le Premier ministre a envoyé un courrier à la cinquantaine de sénateurs qui avait réclamé les résultats de l'expérimentation menée dans trois départements sur le passage à 80 km/h sur les routes secondaires. Il y explique que cette expérimentation a permis de baisser de moitié la mortalité routière. Mais ce courrier n'a pas convaincu.
Edouard Philippe répond aux sénateurs en colère. Dans une lettre qui leur est adressée et que nous nous sommes procurés, le Premier Ministre dévoile les résultats de l'étude menée dans trois départements sur le passage à 80 km/h sur les routes secondaires. Une cinquantaine de sénateurs avaient réclamé la publication des résultats de l'expérimentation du passage à 80km/h, jugés biaisés.
Cette expérimentation a eu lieu sur trois tronçons, entre 2015 et 2017 (Drôme, Nièvre, Haute-Saône), mais le rapport de l'organisme chargé de l'expérimentation n'avait jusqu'ici pas été rendu public. Ce mardi, le comité interministériel de la sécurité routière devrait entre autre entériner la généralisation de ce dispositif sur toutes les routes secondaires de France.
Moitié moins de morts avec les 80 km/h
RMC s'est procurée cette lettre du Premier Ministre aux sénateurs. Une lettre assez dense, de deux pages, dans laquelle Edouard Philippe détaille les résultats de l'expérimentation. On y apprend d'abord que sur les 86 km de routes qui ont fait l'objet de ce test, le nombre d'accidents et de victimes a baissé: de 27 accidents et 6 morts lorsque la vitesse était limitée à 90 km/h, on est passé à 20 accidents et 3 morts quand la vitesse a été abaissée à 80 km/h. Cela montre, écrit le Premier ministre, que lorsque la vitesse baisse, le nombre de victimes aussi.
Pour clore la polémique, il explique que le gouvernement n'avait pas souhaité dévoiler cette étude au départ, car elle repose sur une expérimentation de 2 ans, alors que pour être reconnue statistiquement, une telle étude doit avoir été menée sur 5 ans.
"Qu'il y ait moins d'accidents, ça je n'y crois absolument pas"
Une réponse qui ne convainc pas Didier Bollecker, Président de l'Automobile Club Association. "Le premier enseignement tiré par le Premier ministre, c'est la diminution de la vitesse sur ces routes. Mais c'est une évidence: si on limite la vitesse, on fait baisser la vitesse moyenne!", ironise-t-il d'abord. "Qu'il y ait moins d'accidents, ça je n'y crois absolument pas, poursuit-il. Et dire que ça n'a pas limité les embouteillages, non plus. Il faut voir sur quels itinéraires cela a été pratiqué. Et ce n'est pas pour autant, si les 80 km/h devait être généralisés, que ça n'entraînerait pas des 'trains' routiers". Conclusion de Didier Bollecker: "On nous raconte n'importe quoi".
"Un expérimentation pas probante"
Pour Cédric Perrin, Sénateur Les Républicains du Territoire de Belfort, l'expérimentation n'a pas duré suffisamment de temps pour être véritablement probante. "On nous explique d'un côté qu'il faut une expérimentation de 5 ans pour que ça soit probant, et on nous explique de l'autre qu'au bout de 2 ans l'expérience est probante et qu'on va appliquer les 80 km/h. C'est assez cocasse. On se rend bien compte qu'on ne peut pas avoir une gestion identique pour tous les territoires, de toutes les zones de France. Il faut avoir une gestion pragmatique et adaptée au terrain".
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