Affaire Penelope Fillon: "les fautes ont déjà été commises et elles sont difficilement réparables"

Empêtré dans l'affaire d'emplois présumés fictifs de son épouse Penelope, le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, a tenté ce dimanche, lors d'un meeting à la Villette, à Paris, de reprendre la main et a assuré vouloir aller "jusqu'au bout" d'une campagne qui patine depuis plusieurs semaines. Mais, comment s'en sortir? Eléments de réponse avec le publicitaire Jacques Séguéla.
Jacques Séguéla, publicitaire, cofondateur de l'agence de communication RSCG:
"Les fautes ont déjà été commises et elles sont difficilement réparables. Il y a en réalité deux affaires. La première est judiciaire et, là, la présomption d'innocence est de mise. Est-ce que la justice peut arriver dans les délais judiciaires à donner une sentence? Ça me semble difficile. Donc, peut-être que le temps joue pour François Fillon. Mais il y a aussi une affaire médiatique. Et celle-ci est très mal engagée. En effet, il y a une règle absolue dans la communication de crise: la règle des trois C, qu'il n'a pas appliquée:
- La Célérité. On répond dans la seconde, dans l'heure au plus tard. Le soir même, il fallait que François Fillon soit à la télévision.
- La Cohérence. Ils ont envoyé au feu des seconds couteaux, que personne ne connaissait, avec des arguments contraires. On a au final rien compris à leurs explications.
- La Crédibilité. Le seul crédible c'était François Fillon. C'est lui qui était attaqué et qui devait, le soir même, être à la télévision pour taper du poing sur la table.
"La communication autour de ces révélations a été extrêmement mal gérée"
Là, le feuilleton ne fait que commencer. Et un feuilleton comme ça, on sait quand il commence mais on ne sait jamais quand il va finir. Fillon a été élu parce que face à ses concurrents, Juppé et Sarkozy, c'était le seul à ne pas avoir de problème avec la justice. C'était le point fort de sa campagne. Or, on s'aperçoit que celui qui se présentait comme vierge dans les affaires l'est peut-être moins qu'on ne le dit ou qu'on ne le croit.
La communication autour de ces révélations a été extrêmement mal gérée. Mais la chance de Fillon, c'est qu'il y a une session de rattrapage: son meeting. Mais ça ne suffira pas pour éteindre les flammes. Et après celui-ci, il faut faire le gros dos, laisser passer la tempête, rester sous le parapluie et ne surtout pas donner cours au feuilleton comme il le fait. Il ne faut que personne, ni lui, ni son entourage, ni à droite si elle veut avoir une chance de gagner, ne relance ce feuilleton.
"Il ne doit pas s'excuser, un chef ne s'excuse pas"
De même, ce serait très dangereux de donner la parole à Penelope Fillon. En effet, il faut énormément de bouteille pour affronter les médias. Le moindre dérapage d'un mot peut être fatal. Si elle prend la parole, il y aura une personne de plus dans le circuit. Or, justement, il faut que le moins de monde possible parle. C'est donc l'autorité, et la seule autorité, du présidentiable qui doit parler.
Il ne doit pas s'excuser, un chef ne s'excuse pas. S'il s'excuse, c'est qu'il est fautif. Il doit taper sur la table en disant que c'est inadmissible, qu'il va apporter les preuves. Il faut ce soit crédible, violent et bref. Après il doit dire que ce n'est pas le problème, que le problème est de savoir comment sauver la France. Il faut qu'il soit très porteur. Mais ce n'est pas tellement son fort. C'est plus celui de Macron".
Votre opinion