Alerte aux avalanches: les skieurs hors-piste de plus en plus prudents

Chaque année, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir s'aventurer hors des sentiers battus. Les skieurs faisant du hors-piste savent qu'ils se mettent en danger mais sont de mieux en mieux équipés et informés. Même si le risque zéro n'existe évidemment jamais en montagne...
Qu'est ce qui motive les skieurs à dévaler les pentes hors des pistes malgré les risques d'avalanches? Une envie de liberté qui n'est pas sans danger, alors qu'une trentaine de personnes en moyenne meure chaque année en France ensevelie sous des avalanches. De plus en plus de choses sont mises en place pour que ce chiffre baisse, comme par exemple à Chamonix avec La Chamoniarde, la société de secours et de prévention en montagne de Chamonix.
"On table sur l'information, la sensibilisation des gens", nous explique Océane Vibert, ancienne secouriste et directrice de La Chamoniarde. "Il y a le travail du service des pistes avec les panneaux de sécurité, les drapeaux... Mais aussi des documents d'informations que l'on produit et des sessions de formation. On essaye d'être factuel, drôle et juste pour ne pas avoir de ton moralisateur."
La formation est justement ce qui manque le plus aux skieurs "freeride", comme nous l'explique Loïc Giaccone, expert sécurité du site skipass, spécialisé dans le freeride. "Si tu as un problème, et que tu sors tes instruments de secours sans savoir les utiliser... Il y a plein de gestes à savoir faire, et à répéter", insiste-t-il.
Plus d'interdictions serait contre-productif
Y-aurait-il moins d'accidents avec plus d'interdictions administratives quand il y a des risques d'avalanches? Nos deux interlocuteurs s'accordent à dire qu'au contraire elles produiraient l'effet inverse. "Quand l'arrêté préfectoral prend fin, les gens peuvent se dire qu'il n'y a plus de risques, alors que pas du tout. Donc ça reste très rare", détaille Océane Vibert.
Il y a ainsi des chiffres encourageants qui montrent que les "freeriders" prennent conscience des dangers, sont mieux informés, et se préparent mieux qu'auparavant. "Si le nombre de pratiquants augmente chaque année, le chiffre de 30 morts par an en raison d'avalanches en moyenne reste stable", remarque Loïc Giaccone, qui organise également une soirée annuelle de prévention.
"Encore trop" d'inconscients hors des pistes
On pourrait croire que les novices sont à la source de tous les accidents. Mais il n'y a pas de "profil type" concernant les personnes touchées par des accidents. Si les débutants sont évidemment très exposés aux risques de base, les skieurs confirmés, qui connaissant bien leurs stations, ne sont pas immunisés aux dangers de la montagne.
"Il y a le piège du terrain que l'on connaît bien, faire un 'run' qu'on a l'habitude de faire. Du coup, il y a un faux sentiment de sécurité et là on peut se faire piéger. On est souvent beaucoup plus attentifs quand on n'est pas dans notre environnement habituel". "On voit encore trop de locaux qui sortent sans sac, sans matériel, nous confirme Loïc Giaccone. Ceux qui croient tout savoir sont les plus dangereux".
Il faut donc également compter sur le facteur humain pour réduire les risques. Une forme de solidarité se met en place entre skieurs quand les plus aguerris croisent des personnes ayant des comportements à risques : "C'est un peu de ton devoir de les prévenir quand tu les vois faire n'importe quoi", lance Loïc qui pratique depuis une dizaine d'années.
Des progrès à faire en signalisation ?
Le triptyque DVA (sorte de puce de localisation)/pelle/sonde en cas d'avalanche est le minimum d'équipement qu'il faut avoir avant d'aborder le ski hors-piste. "Heureusement c'est entré dans les moeurs, ce qui n'était pas le cas il y a une vingtaine d'années. Sortir sans cela ce serait comme rouler sur l'autoroute sans ceinture", explique en imageant Océane Vibert.
"Encore faut-il savoir utiliser ces équipements, répète Loïc Giaccone qui souligne une fois de plus la nécessité de s'être formé un minimum avant de commencer le freeride. S'il y a des progrès avérés, il y a encore un certain nombre de choses à améliorer pour que les accidents de montagne soient réduits au minimum, notamment au niveau de la signalisation selon Loïc Giaccone. "En Autriche on voit des panneaux géants, lumineux où tout est expliqué, mis à jour quotidiennement... On peut toujours faire des progrès", conclut-il.