Asexuel(le)

Qu’appelle-t-on les asexuels ? Peut-on vivre heureux et en bonne santé sans faire l’amour ?
Brigitte Lahaie : Pascal Neveu, qu’est-ce qu’on appelle les asexuels ? Est-ce qu’on peut vivre heureux et en bonne santé sans jamais faire l’amour ?
Pascal Neveu : C’est une vaste question, personnellement je dirais que non. Mais le véritable asexuel, la définition, c’est quelqu’un qui n’a pas d’attirance sexuelle, ce qui ne veut pas dire qu’ils n’ont pas de rapports sexuels, qu’ils ne peuvent pas se masturber etc … Ils ont des pratiques sexuelles mais disent n’en ressentir aucun plaisir. Il représenterait quand même un petit peu plus d’1% de la population mondiale.
B. L : Combien ?
P. N : Un petit peu plus d’1%.
B. L : Ah oui, j’ai eu peur, j’avais cru entendre 20%, je me disais où est-ce qu’on va. Remarquez ça aurait réglé le problème de surpopulation.
P. N : Non, ils peuvent se reproduire également, ce n’est pas du tout interdit. Ce qui justifie d’ailleurs certains de leurs rapports sexuels. Mais ils ont créé une véritable communauté, avec un drapeau de différentes couleurs pour être reconnus, je crois que c’est noir, blanc, gris et puis violet. Ca ressemble un peu au « rainbow flag ». C’est très étrange parce que toute la communauté scientifique se penche sur leur cas pour essayer de comprendre, alors certains précisent qu’ils sont asexués pour des raisons spirituelles, pour des raisons également psychologiques.
B. L : En même temps, soyons clairs, ils ne font de mal à personne. Et puis après tout, ils ont tout à fait le droit, ils sont libres. J’ai quand même un peu l’impression, vous êtes psychanalyste aussi, je me demande si ce n’est pas un peu le retour du refoulé, on a tellement parlé du sexe que peut-être …
P. N : C’est très tentant de le dire effectivement qu’il y a très certainement du refoulement de désirs ou d’orientation sexuelle. Car ils veulent également être reconnus comme une orientation sexuelle, comme les hétéros, les homos et maintenant vous auriez les asexuels. Donc je me pose quand même pas mal de questions.
B. L : Est-ce que c’est pas la même chose, asexué et asexuel finalement ?
P. N : Justement il n’y a pas de frontières pour le moment, donc on est dans un flou artistique le plus complet pour tenter de les définir et puis de dire réellement qui sont ces gens.
B. L : Mais la vraie question qu’il faudrait se poser et pour ça il faudrait faire des études à la fois biologiques et neurologiques, est-ce qu’au fond ce sont des êtres qui visiblement n’ont pas du tout d’hormones ou très peu d’hormones et donc finalement la libido ne s’est pas vraiment mise en place ou est-ce que c’est au fond des inhibitions, des refoulements parce que finalement depuis toujours il y a des gens qui ont refusé la sexualité, on peut penser notamment à certaines personnes qui préfèrent devenir prêtres ou bonnes sœurs, qui vont sublimer finalement leur sexualité et leur libido.
P. N : On a plusieurs cas de figures, visiblement et notamment sur un plan hormonal, pour certaines personnes on observe, et ils s’en défendent, on est attaqué si on tient ce genre de propos surtout aux Etats-Unis, on a observé chez certains cas qu’il y a un déficit d’hormones. Notamment hypophysaires. Donc il faut prendre beaucoup de précautions pour parler d’eux, je trouve que c’est dommage parce que la sexualité, le sexe, ça fait travailler le corps, ça réduit les maladies cardio-vasculaires, c’est bon pour les hormones, il n’y a rien de plus beau. C’est dommage qu’il n’y ait pas d’attirance et pas de désir.
B. L : On sait quand même, quand on n’a pas beaucoup d’hormones, on peut aussi avoir un petit peu inhibé ce fonctionnement hormonal parce que justement on ne les utilise pas ces hormones enfin c’est très complexe tout ce qui est d’ordre hormonal, on sait très bien qu’il n’y a pas pour l’instant de réponses. Mais après tout, comme je le disais, chacun est libre de vivre la vie qu’il a envie de vivre, c’est peut-être une des grandes libertés de notre époque.