Assouplissement du confinement à Noël: "D'un point de vue sanitaire ce n’est pas une bonne chose", prévient un infectiologue

Le gouvernement pourrait faire un cadeau de Noël empoisonné aux Français en desserrant la vis à l'occasion des fêtes de fin d'années. Plusieurs épidémiologistes craignent un impact négatif sur l'épidémie de Covid-19.
Fin de partie pour le confinement numéro 2 ? Alors que la situation sanitaire s'améliore, Emmanuel Macron pourrait annoncer un allègement du confinement mardi soir. Dans un premier temps, les commerces jugés "non-essentiels" au début du nouveau confinement, pourraient être autorisés à rouvrir. Les mosquées, les églises et les temples pourraient rouvrir au même moment mais devront adopter un protocole sanitaire strict avec une jauge limitée de fidèles. Les attestations de déplacement devraient elles rester obligatoires.
Mais si les chiffres tendent à montrer une amélioration de la situation, de nombreux épidémiologistes alertent sur les dangers d'un déconfinement trop rapide, à l'instar du premier du nom: "Ce qui m’inquiéterait c’est qu’on déclare que le confinement est passé et que l'on puisse retrouver la vie comme avant", prévient ce lundi sur RMC Jean-Paul Stahl, professeur de maladies infectieuses à l’université de Grenoble.
"J'imagine que nous allons avoir un déconfinement adapté, avec d'autres mesures de restrictions ce qui est fort logique. Il ne faut pas croire que parce que le nombre de cas diminue, d'un coup on puisse oublier le Covid-19. Le Covid-19 va s'installer dans le paysage", prévient-il, craignant de voir des remontées régulières de la maladie, ajoutant que tout dépend des Français pour contenir la maladie. "C'est l'attitude individuelle de chacun d'entre nous pour éviter ces contaminations qui doit primer. Le virus ne descend pas du ciel! Les 50.000 cas que l'on avait chaque jour il y a quelque temps c'était l'expression de failles dans nos comportements collectifs", précise Jean-Paul Stahl.
Les risques d'un assouplissement pour les fêtes
Mais la responsabilité individuelle des Français pourrait être soumise à la tentation alors que les fêtes de fin d'années ont lieu dans un mois. D'ailleurs, le gouvernement envisagerait de "desserrer la vis" aux alentours du 18 décembre à l'aube des vacances de Noël ce qui permettrait aux Français de se déplacer et profiter des fêtes de fin d'année.
"Du point de vue sanitaire ce n’est pas une bonne chose. Ce n'est pas une bonne chose que des rassemblements de nombreuses personnes venues de régions différentes se fassent", déplore Jean-Paul Stahl. "Mais je parle en tant que médecin spécialiste de la contagion. Il y a l’impératif médical d’un côté et de l’autre l’impératif économique et social, il faut un juste équilibre entre le deux", tempère-t-il.
Concernant les vacances d’hiver et notamment le ski, Jean-Paul Stahl se montre plus optimiste : "Si chacun respecte les mesures, une ouverture pourrait être possible en février. Mais si nous ne respectons pas les mesures, ces vacances pourraient aussi être sacrifiées. Il ne faut pas oublier que derrière le nouveau coronavirus il y a des morts", rappelle l'infectiologue.
"On estime que le premier confinement a permis d’éviter 80.000 morts selon tous les modèles sérieux. Si l’on laisse courir le virus jusqu’à la supposée immunité collective, on aura entre 200 et 400.000 morts. Veut-on assumer ça", interroge-t-il.
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