Attentat de l'Hyper Cacher: "J'ai eu très peur mais ça n'a pas du tout modifié ma vie"

Alain Couanon était juste à côté d'Amedy Coulibaly lors de la prise d'otage de l'Hyper Cacher et de l'assaut qui en a suivi. Aujourd'hui, six mois après jour pour jour, ce retraité assure que si "cela a été un choc", il a "repris le travail à mi-temps la semaine suivante".
C'était il y a six mois jour pour jour. Lundi 9 janvier dernier, Alain Couanon sort de son travail pour aller déjeuner. Il se rend à l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes pour effectuer quelques courses. Alors qu'il est dans le fond du supermarché, il entend des coups de feu. Il se réfugie alors au sous-sol, dans une chambre froide. Au moment où Amedy Coulibaly demande aux otages de remonter, Alain Couanon hésite avant de finalement se rendre au terroriste.
Il assiste donc à l'assaut de la police et ce à seulement quelques mètres de l'entrée principale, dans la même pièce que Coulibaly. Lors de cette offensive, il reçoit un éclat de balle dans la main. Si ses oreilles sont bouchées par les explosions de grenades, il s'en sort toutefois quasiment indemne et rentre chez lui le soir même.
Ce lundi, six mois après les fait donc, il assure sur RMC ne pas être traumatisé par ce qu'il a vu. "Ça a été un choc, un terrible souvenir. J'ai eu très peur. Mais ça n'a pas du tout modifié ma vie. J'ai repris mon travail à mi-temps la semaine suivante. Même cette nuit-là, je me souviens ne pas avoir fait de cauchemar. Je n'en ai jamais fait d'ailleurs," raconte-t-il.
"J'ai compris ce qu'était le racisme"
En revanche, ses proches n'étaient pas aussi rassurés. Mais il n'a rien voulu savoir: "On m'a proposé à plusieurs reprises de voir un psychologue. Je n'ai rien contre eux mais je n'en ai pas éprouvé le besoin". Des images douloureuses comme celles des quatre cadavres ensanglantés finissent pourtant par remonter.
Mais pas seulement: il y a aussi "des mots de Coulibaly me turlupinent beaucoup". Et Alain Couanon de poursuivre:
"Il nous a tous demandé de nous présenter : nom, âge, fonction et origine, se souvient-il. Et ce mot 'origine' est un mot qui me met terriblement mal à l'aise. Jamais on ne m'avait demandé ça. On m'avait demandé ma nationalité, très souvent… Mais 'origine' ça veut dire quoi?" "En fait, j'ai très bien compris ce que cela voulait dire, cela voulait dire ma race. Ma race et ma religion parce que pour certaines personnes c'est pareil. A ce moment-là, j'ai vraiment compris ce qu'était le racisme…"
A noter enfin que lors de la prise d'otages, Amedy Coulibaly a confisqué les téléphones portables de tous les otages. Alain Couanon a dû s'en acheter un nouveau. Mais il refuse de s'en servir. Trop de mauvais souvenirs…
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