"Avant de le virer, ils auraient pu lui parler": un éboueur se suicide après avoir reçu une lettre de licenciement, ses collègues déposent un préavis de grève

Emotion toujours vive dans le Calvados à Basly. Il y a deux semaines, Stéphano Patry s'est suicidé après avoir été licencié. L'homme de 47 ans était chauffeur de camion poubelle depuis 26 ans.
Il s'est tué avec un fusil de chasse dans le garage de ses parents en tenue de travail. A ses pieds, ses proches, dont son fils de 18 ans, ont trouvé sa lettre de licenciement envoyée la veille par son employeur.
L'employeur, la Coved, lui reprochait d'avoir consommé de l'alcool avec un collègue pendant une tournée, le 15 mai. Lors de son entretien avec la direction, il a reconnu avoir bu deux bières offertes par une personne sur sa tournée.
"C’est dur pour nous de perdre un collègue"
L’intersyndicale de la Coved a déposé un préavis de grève pour ce vendredi en mémoire de leur collègue et pour dénoncer les conditions de travail et les rapports délétères avec la direction. Un hommage lui sera rendu.
La douleur, la gorge serrée et les mots qui manquent chez ces éboueurs: "C’est dur pour nous de perdre un collègue. C’est très dur. On a tous le moral à zéro".
Difficile de continuer le travail comme si de rien était pour Yannick Martin, délégué syndical CGT: "Ils ont licencié Stéphano mais avant de le licencier, ils auraient peut-être pu lui parler. Ce n’est pas normal, on va se battre pour ça, on ne peut pas laisser les choses comme ça. Il y a d’autres entreprises qui ont eu les mêmes choses que nous, des décès, des suicides, mais il ne faut pas qu’il y en ait d’autres. Ce que je dis c’est ‘stop’, qu’on aille un peu au dialogue et qu’on avance".
"On ne peut que prendre la décision de se séparer d’un collaborateur qui conduit un camion en état d’ébriété"
Des salariés vont débrayer ce vendredi, et ils prévoient aussi un hommage. Hommage auquel ne compte pas participer l'employeur, la COVED. Pour Jean-François Régé, le directeur territorial de l'entreprise, le licenciement était inévitable.
"On ne peut que prendre la décision de se séparer d’un collaborateur qui conduit un camion poids-lourd en état d’ébriété. Nous, on préfère rester en retrait, laisser les gens s’exprimer et respecter le deuil de la famille".
Au-delà de la mobilisation ce vendredi, syndicats et famille envisage de porter plainte contre l'employeur pour homicide involontaire.
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