Avec ou sans François Hollande, la primaire socialiste est inévitable
Trois militants socialistes de l'Ardèche ont écrit à Jean-Christophe Cambadélis pour exiger l'organisation d'une primaire avant la présidentielle de 2017. D'après Hervé Gattegno, cette initiative permet de remettre les choses en ordre au sein du parti. En effet, la décision d'organiser ou non une primaire n'appartient ni à François Hollande, ni au premier secrétaire car celle-ci est déjà dans les statuts du PS. Un calendrier doit alors être mis en place au plus tard un an avant la présidentielle de 2017, soit le 23 avril prochain.
Ce mercredi, vous vous penchez sur l’initiative de trois militants socialistes de l’Ardèche qui ont écrit au Premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, pour exiger l’organisation de primaires. Pour vous, c’est un acte décisif. Votre parti pris : avec ou sans François Hollande, la primaire socialiste est inévitable. Vous en êtes sûr ?
Jusqu’ici, le problème a été pris à l’envers. Par conformisme et par déférence envers le pouvoir (vieux travers français), on n’a envisagé la primaire qu’en intériorisant le point de vue de François Hollande. Est-ce que c’est acceptable pour un président en exercice ? Est-ce que c’est son intérêt ? La démarche de ces trois militants remet les choses dans l’ordre. En vérité, ce n’est pas à François Hollande (ni à Cambadélis) de décider… parce que c’est déjà décidé. Les statuts du PS fixent la règle de la primaire. Les adhérents l’ont voté en 2010 (à 70%) ; et deux congrès l’ont confirmé. Donc la primaire n’est pas une hypothèse, c’est un impératif. En 2012, elle a permis à François Hollande de s’imposer ; cette fois, elle va s’imposer à lui.
Officiellement, Jean-Christophe Cambadélis est d’accord pour une primaire – à condition qu’elle réunisse toute la gauche et qu’elle ait lieu en décembre ou en janvier. Vous pensez qu’il cherche à gagner du temps ?
C’est évident. Il a déjà évolué – il était contre ; puis pour si c’est toute la gauche ; maintenant il cherche une date…) Mais Jean-Christophe Cambadélis prétend qu’il n’a jamais reçu la lettre des trois Ardéchois (en date du 5 février) ; ils ont la preuve contraire : un accusé de réception du "service Organisation" du PS (pas très organisé…). De toute façon, là-dessus aussi, les statuts du PS sont imparables :
1. La primaire est de droit (peu importe les participants).
2. Le calendrier du vote doit être fixé "un an avant la présidentielle" – donc au plus tard le 23 avril prochain. C’est ce qu’exigent les trois signataires.
Comme Cambadélis ne leur répond pas, ils ont saisi la Haute Autorité éthique du PS. Ils sont prêts à saisir la justice – qui ne pourra que leur donner raison puisque c’est l’application stricte des statuts. Ce serait un comble que, pour permettre aux électeurs de juger, il faille d’abord juger le PS…
Si je vous comprends bien, le compte à rebours est lancé. Or François Hollande a dit qu’il resterait "président jusqu’au bout". Dans ces conditions, est-ce qu’il peut accélérer sa décision d’être ou non candidat ?
Ce serait un mérite de plus de cette initiative – ce qui prouve que ces trois militants font plus pour la clarté des débats que les déclarations embrouillées de leurs dirigeants… En fait, plus personne – à part quelques ministres, le Premier secrétaire et 1/4 des électeurs du PS - ne voit en François Hollande le "candidat légitime" de la gauche en 2017. Ce n’est ni son intérêt ni celui de son camp de tergiverser. S’il veut renoncer, il doit le dire assez vite pour ne pas handicaper le PS. S’il veut y aller, il doit entrer en campagne sans trop attendre parce qu’il a un énorme retard à combler. Donc la primaire est un risque pour François Hollande ; mais c’est aussi une chance de se relégitimer – pour tout dire, ce n’est pas une chance mais sa seule chance.

Hervé GATTEGNO
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