Aveux de Monique Olivier: ce qu'il faut comprendre du rebondissement dans l'affaire Estelle Mouzin

EXPLIQUEZ-NOUS - Nouveau rebondissement dans l’affaire du meurtre de la petite Estelle Mouzin. Monique Olivier, la femme du tueur en série vient d’affirmer qu’elle était sur place lorsque la petite fille a été séquestrée. Des aveux stupéfiants.
Ils sont incroyables, ces aveux parce qu'ils mettent un terme à 18 ans de mensonges. Monique Olivier en fin de semaine dernière avait une nouvelle fois été extraite de sa prison pour assister à des fouilles dans les Ardennes à la recherche du corps d’Estelle Mouzin. Et si l'on en croit l’avocat du père d’Estelle Mouzin, elle a soudain confié à la juge d’instruction qu’elle était là lorsque l’enfant a été séquestrée, violée et tuée par Michel Fourniret.
Monique Olivier a ensuite donné des indications sur le lieu où le corps pourrait avoir été enterré. Les recherches vont donc reprendre le plus tôt possible, sans doute dès ce mardi. L’avocat de l’ex-femme de Michel Fourniret n’a pas confirmé ses aveux.
Monique Olivier a protégé son ex-mari pendant des années dans cette affaire
Il faut se souvenir que Michel Fourniret a été arrêté en Belgique, six mois seulement après la disparition d’Estelle Mouzin en 2003. Dans son ordinateur on avait retrouvé une photo de la petite fille et la copie sur cassette d'un reportage sur sa disparition. Michel Fourniret possédait une camionnette blanche, la même que celle qui a été vue en Seine-et-Marne. Tout l’accusait, et même lui-même. Il a envoyé un courrier au parquet de Reims pour suggérer qu’on le juge pour cette affaire.
Tout l’accusait, sauf sa femme. Monique Olivier a affirmé que le soir de la disparition d’Estelle, ils étaient ensemble en Belgique et qu’elle se souvient que Fourniret a appelé son fils pour lui souhaiter son anniversaire. On va retrouver la trace de cet appel. L’alibi est béton. Fourniret ne sera plus inquiété.
C’est un mensonge lourd de conséquences. Parce que pendant plus de 16 ans, les parents d'Estelle Mouzin vont rester dans une terrible incertitude et parce que pendant toute ces années les enquêteurs vont se perdre dans d'innombrables fausses pistes.
Finalement c'est Monique Olivier qui a dénoncé son mari en 2019
Oui, mais en mentant de nouveau beaucoup. Elle a d’abord raconté qu’elle avait fabriqué l’alibi à la demande de son mari. Que c’est elle qui avait passé le fameux coup de fil le soir de la disparition. Mais elle n’en savait pas plus. Puis elle a avoué que son mari était certainement le meurtrier.
Puis il a aussi reconnu les faits et donné des indications et on a retrouvé des traces ADN de la fillette dans leur maison des Ardennes. Puis maintenant, encore deux ans après, Monique Olivier se souvient qu’elle était sur place lorsque Estelle Mouzin a été séquestrée dans cette maison.
Elle se met donc, elle-même, gravement en cause, mais il lui aura fallu exactement 18 ans pour livrer cette information capitale.
Déjà en 2003, elle avait gardé le silence sur les crimes de son mari avant de craquer
Oui lorsque les policiers belges ont arrêté Fourniret en flagrant délit, il a été incarcéré et sa femme laissé en liberté. Les policiers belges les ont entendus environ 130 fois, ce qui serait absolument impossible en France. Pendant un an, ils ont gardé le silence et nié tous les crimes dont ils étaient soupçonnés, en récitant des histoires qu’ils préparaient ensemble au parloir.
Et au bout d’un an, alors que les enquêteurs belges n’y croyaient plus, alors que Michel Fourniret allait être relâché, Monique Olivier a craqué. Elle a avoué 10 meurtres en 20 minutes. Et puis interrogées le même jour, un peu plus tard. Elle a encore raconté trois autres meurtres.
Pour certains de ces crimes, elle a reconnu avoir été une complice active. Servant d'appât lors des enlèvements, gardant les jeunes filles en l’absence de son mari, refusant d’écouter leur supplication.
Le procès a démontré que le couple avait passé un pacte depuis le début. Il s’était rencontré grâce à une petite annonce qu’il avait passé dans un journal catholique alors qu’il était en prison. Dès sa libération il lui a parlé de sa fascination pour les jeunes filles vierges et elle a très vite accepté de l’aider. Il n’y avait pas un prédateur, et son épouse effacée et impuissante, il y avait bien un couple criminel. Monique Olivier a souvent essayé de se faire passer pour une idiote qui ne comprenait pas tout. Les psychologues ont démontré qu’elle avait un QI de 131, largement supérieur à la moyenne.
L’un et l’autre ne sont pas près de sortir de prison
Non, Michel Fourniret purge une peine de perpétuité réelle. Théoriquement incompressible. Monique Olivier purge depuis 18 ans une peine de perpétuité avec 28 ans de sûreté. En attendant une possible nouvelle condamnation dans l’affaire Estelle Mouzin.