Barrage de Sivens : l'avocat de la famille privilégie la thèse d'un projectile des gendarmes

Arié Alimi, avocat de la famille de Rémi Fraisse, était l'invité de Jean-Jacques Bourdin ce mardi sur RMC. Il a annoncé le dépôt d'une plainte pour "homicide volontaire par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique" et "violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner".
L'enquête sur la mort de Rémi Fraisse avance quelque peu. Le jeune homme de 21 ans, décédé dans la nuit de samedi à dimanche sur le site de projet du barrage de Sivens, dans le Tarn, aurait été "victime d'une explosion", comme l'a indiqué ce lundi le procureur d'Albi, Claude Dérens. "La déflagration a été forte puisque le jeune homme a été projeté au sol de façon violente", et "la mort a été instantanée", a ajouté le magistrat. La famille de la victime va déposer plainte mardi pour homicide volontaire, "par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique", ont annoncé lundi ses avocats. L'un d'entre eux, Me Arié Alimi, invité de Jean-Jacques Bourdin ce mardi sur RMC, a confirmé l'information.
Dépôt d'une double plainte
"Ce matin, une plainte va être déposée entre les mains du doyen des juges d'instruction à Toulouse. Il s'agira d'une plainte avec double qualification : 'homicide volontaire par une ou plusieurs personnes dépositaires de l'autorité publique' et 'violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner'" explique-t-il. Arié Alimi revient ensuite sur les circonstances de la mort de Rémi Fraisse.
"Selon les résultats de l'autopsie, Rémi est décédé à la suite de l'usage probable d'un projectile. Mais, il n'y a pas eu de brûlures constatées. Ce que j'en déduis donc c'est que soit il s'agit d'un projectile tiré par les forces de l'ordre (flash-ball ou grenade), soit c'est un cocktail Molotov. Mais un cocktail Molotov provoque des brûlures. Or, à partir du moment où aucune brûlure n'a été constatée, j'écarte donc cette hypothèse".
"Un militant pacifique, qui n'avait rien d'un énervé"
Dans Bourdin Direct, l'avocat ajoute que "dans l'hypothèse où il s'agit d'un projectile tiré par les gendarmes mobiles, à savoir des militaires aguerris au combat, surentraînés et avec une parfaite maîtrise de leurs armes, ceux-ci savent très bien qu'ils peuvent provoquer la mort. C'est pourquoi je pense que l'intention criminelle peut être retenue et l'homicide volontaire également".
Sur RMC, Maître Arié Alimi justifie aussi le dépôt de plainte de la part des parents de Rémi Fraisse, "un militant pacifique, qui n'avait absolument rien d'un énervé comme on a pu tenter le faire croire du côté du gouvernement par le biais d'une communication honteuse". Il estime que "pour l'instant, cette enquête est entre les mains du parquet or c'est ce même parquet qui donne les ordres aux forces de l'ordre. Il nous a semblé un peu choquant que ce soient les mêmes personnes qui donnent les instructions et qui mènent l'enquête. Il était donc important de déposer plainte pour ouvrir une information judiciaire et remettre entre les mains d'un juge d'instruction cette enquête afin qu'elle soit menée de manière la plus claire et la plus impartiale possible."
Pour rappel, selon les éléments du rapport d'autopsie présentés par le parquet, Rémi Fraisse a été victime d'une explosion, dont d'autres analyses doivent dire si elle a pu être causée par une grenade lancée par les gendarmes.
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