Le billet de Sylvain Grandserre
La communale...
Comme pour la fable de la Fontaine, il y a l'école des villes et celle des champs. Permettez-moi de vous dire les avantages et inconvénients de la seconde.
Les avantages, c'est d'abord d'y trouver des structures à taille humaine où tout le monde se connaît. Parfois, la classe a un petit caractère familial tant on connaît chaque enfant, ses parents, la famille, les élus. Ensuite, « on y perd en majesté ce que l'on y gagne en liberté ». Si la vétusté peut fatiguer, c'est aussi dans ces petites classes à multi-niveaux que la créativité pédagogique est la plus grande pour faire travailler des enfants de différents âges. S'y ajoute une certaine autonomie, notamment matérielle : télévision, ordinateurs, photocopieuse. Enfin, reste le cadre bucolique, champêtre. Aller au travail en empruntant une petite vallée où vivent chevreuils, hérons, moutons, vaches et chevaux et une vraie douceur pour l'âme.
Au premier rang des inconvénients je placerai l'isolement. On croise si peu de monde qu'on guette parfois le passage du facteur. On se retrouve souvent seul face aux problèmes à gérer – de l'ordinateur en panne à l'élève en crise – ou comme interlocuteur : parents, élus, administration, partenaires divers. Sur le même registre, j'ajouterai l'éloignement : musée, théâtre, piscine, gymnase, stade. Rien n'est simple et aucune compensation n'existe pour aider les écoles isolées à se rapprocher des lieux cités. Enfin, il existe de véritables poches de misère, moins bruyantes qu'en ville mais tout autant en difficulté avec son lot de chômage, de violence ou d'alcoolisme. Être pauvre à la campagne c'est vivre à 25 km du Pôle emploi, sans commerces autour et se déplacer en mobylette à 50 ans. Eh non, tout le monde n'a pas de Rollex !
Sylvain Grandserre