Faut-il interdire la nage en mer avec des dauphins?
Plusieurs associations, dont Souffleurs d'écume, lancent une pétition, ce lundi, pour demander de mettre "fin au harcèlement des dauphins en mer". A ces critiques, le Collectif des opérateurs marins professionnels azuréens (Compa) répond que les associations se trompent de combat.

Non répond Isabelle Sernont, membre Collectif des opérateurs marins professionnels azuréens (Compa) et propriétaire d’un bateau à Mandelieu.
"L'initiative lancée par plusieurs associations pour demander l'interdiction de la nage avec les dauphins n'a pas de sens. Déjà, ces associations vivent d'argent public donc elles sont obligées de crier au loup. Ensuite, Souffleurs d'écume lance en même temps un label payant pour des sorties en mer responsables. Enfin, aucune étude sérieuse n'a été faite sur cette question. Seul un ethnologue s'est penché sur la question, et il démontre plus l'inverse. Si cette activité est réalisée dans de bonnes conditions, cela ne présente aucun danger pour les dauphins comme pour les baigneurs.
Maximum six personnes à l'eau en même temps
Concrètement, nous, le Collectif des opérateurs marins professionnels azuréens (Compa), nous avons quatre bateaux. Chaque bateau ne peut prendre plus de dix personnes à la fois. Et lorsque nous partons en haute-mer, les dauphins qui entendent les bateaux, viennent s'amuser dans les vagues que nous créons. Là, nous décidons d'arrêter le bateau et de sauter à l'eau. Maximum six personnes à la fois. Ce sont eux qui vont venir voir ce qu’il se passe, parce qu'ils sont curieux. Et quand ils ont en marre, ils s’en vont. Jamais on ne les pourchasse. Nos bateaux ne sont pas assez puissants pour ça.
De plus, quand on voit un groupe avec une maman et des bébés, on les regarde depuis le bateau mais on ne met pas les clients à l’eau. Pourquoi? Déjà pour ne pas les perturber, mais aussi parce que cela ne sert à rien, ils ne vont pas s’approcher de nous.
"Nous travaillons avec des avions de repérage"
Enfin, nous travaillons avec des avions de repérage pour ne pas être sur les mêmes groupes de dauphins. L'idée est justement de ne pas toujours être au même endroit, avec les mêmes groupes.
Nous sommes très respectueux des dauphins, nous avons d'ailleurs une charte éthique au sein de notre collectif. Je pense juste que ces associations confondent notre activité avec certaines à l’île Maurice, où des bateaux encerclent des groupes de dauphins."

Oui répond, Morgane Ratel, coordinatrice projet de Souffleurs d’écume.
"Proposer de nager avec des dauphins est une activité qui n'est pas durable en l'état, car pas respectueuse. Notre association, Souffleurs d'écume, travaille sur cette question depuis de nombreuses années. Les dauphins sont des animaux très curieux. Résultat quand ils voient un bateau, ils viennent voir. Et pendant qu'ils sont occupés par les bateaux, ils ne font pas leurs activités habituelles. A savoir se nourrir, se reproduire, etc.
"Une pratique qui exploite la vie sauvage"
Poursuivre des groupes de dauphins, et se jeter à l’eau pour nager avec eux, n'a rien de naturel. C'est une pratique qui exploite la vie sauvage. Et qui peut aussi s'avérer dangereuse pour les clients comme pour les dauphins. Loin des côtes, que se passe-t-il si un dauphin ne réagit pas comme l'entreprise le voudrait? Par définition, se sont des animaux sauvages, dont il est impossible de prévoir le comportement.
Aussi, nous avons lancé un label qui se base sur un accord gouvernemental: Accobams (Accord sur la Conservation des Cétacés de la Mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacente). L'idée est d'accompagner les compagnies à avoir une démarche plus respectueuse de la faune maritime, tout en les aidant à se diversifier. Déjà, on forme ces opérateurs au respect de l'environnement et des cétacés. Puis, on leur demande de mettre un terme aux nages avec les cétacés et aussi à la reconnaissance aérienne. Une fois ces principes acceptés, on leur apprend à se diversifier dans une démarche plus naturaliste. Et en contrepartie, il s’engage à nous remonter leurs observations.
Une formation pour un meilleur respect des cétacés
On part du principe qu'il est nécessaire d'interdire cette pratique qui harcèle les dauphins. Nous souhaitons que les acteurs de ce domaine prennent conscience du danger que cela peut représenter. Aussi, ils sont les bienvenus pour nous soumettre leurs idées. Nous sommes ouverts à toutes les propositions pour faire avancer la discussion."