La jeunesse et l'inexpérience des candidats En Marche! est-elle un handicap?
Le secrétaire général du parti d'Emmanuel Macron, Richard Ferrand, a annoncé jeudi l'investiture de 428 candidats de la République en marche, dont 52% sont issus de la société civile et avec une "parité réelle" hommes-femmes. Parmi eux, seulement 5% de députés sortants, et beaucoup de candidats sans expérience politique.

Non, répond Laëtitia Avia-Beguinet, 31 ans, avocate, candidate La République En Marche dans la 8e circonscription de Paris.
"Si on part du principe que si on n'a pas d'expérience on ne peut pas faire de nouvelles choses, alors on ne renouvelle jamais. Il faut bien commencer un jour. Je pense moi, que la jeunesse et le renouvellement est un atout, parce que quand on est trop longtemps dans une fonction on ne réfléchit plus de la même manière. Pour être vraiment représentatif de la nation, il est important d'avoir des députés issus de la société civile, des membres de la nation qui ne sont pas 'hors sol'.
L'Assemblée nationale ce ne sont pas juste les députés, ce sont aussi les personnels de l'administration qui sont là pour accompagner les nouveaux députés dans les premières démarches. J'ai toute confiance dans nos futurs députés En Marche: nous ne sommes pas plus bêtes que les autres et nous comprendront rapidement les rouages administratifs du système. Nous allons également organiser dans les prochaines semaines un certain nombre de formations auprès des équipes du QG.
"Il faut changer de logiciel"
Effectivement sur le terrain, notre jeune âge interpelle, mais de façon très positive. Les gens voient que nous sommes convaincus, et les citoyens ont besoin de personnes de convictions plutôt que des gens qui font de la politique pour de la politique ou par logique d'appareils. C'est nécessaire de régénérer l'Assemblée, il faut changer de logiciel. C'est important pour bâtir quelque chose de nouveau".

Oui, estime Jacques Myard, député-maire Les Républicains de Maisons-Laffitte. Il brigue un 6e mandat dans la 5e circonscription des Yvelines.
"Une Assemblée doit être composée de jeunes, de moins jeunes et de députés très expérimentés. Une Assemblée donne le 'La' à travers quelques caciques qui connaissent le travail et les procédures parlementaires et qui sont capables de résister au gouvernement, y compris lorsqu'on est en soutien du gouvernement. La force d'un député c'est de savoir dire non, car vous avez face à vous tout un appareil gouvernemental soutenu par une administration puissante, donc il faut pouvoir ne pas s'en laisser compter. Il ne faut pas se laisser impressionner, et avoir quelques heures de vol.
Bien évidemment qu'il faut des jeunes, mais jusqu'à un certain point. Si d'aventure nous avions une Assemblée formée que de jeunes, la démocratie serait un peu en péril parce qu'il faut savoir s'opposer lorsque c'est nécessaire et ne pas succomber aux pressions.
"Un risque de flottements"
Il y a avec de très jeunes députés un risque de flottements et un risque de ne pas comprendre comment ça fonctionne. Je peux vous dire que les procédures parlementaires, comment on agit et comment on dépose des amendements pour avoir une chance de gagner, ça s'apprend par l'expérience et les échecs qu'on peut subir dans les procédures parlementaires. Je crains fort que s'il n'y a que de jeunes députés à l'Assemblée, ce soit tout le travail parlementaire qui en souffre. Pour ma part, je quitterai la tête de ma ville pour tenir les positions à l'Assemblée."