Le Parti socialiste est-il mort?
Des anciens ministres, un candidat à la présidentielle et des cadres balayés… C'est une défaite sans précédent qu'a connue le Parti socialiste au premier tour des législatives, dimanche. Pour un de ses cadres historiques, Jean-Marie Le Guen, le PS est "très clairement mort". Si c'est aussi l'avis d'un militant socialiste que RMC.fr a interrogé, pour Luc Carvounas, candidat dans le Val-de-Marne et porte-parole national du PS aux législatives, le parti est loin d'être fini.

Oui, le PS est mort, estime Serge, ancien militant et électeur PS qui a voté pour un candidat La République en Marche, dimanche.
"J'ai été militant au PS, j'ai soutenu des candidats, j'ai fait des réunions, tout ce qu'on peut faire quand on est militant et franchement, je suis très déçu. Pour moi, le PS est mort. Je ne voterai plus jamais socialiste, ou alors il faudrait un miracle et que les choses aient vraiment changé. Au moins à droite, ils sont solidaires, alors qu'au PS, dès que ça ne va pas, c'est sauve-qui-peut. Ils m'ont tellement déçu… Il y a déjà eu des crises au parti socialiste, mais à ce point… On ne peut pas gagner la présidentielle en 2012 et en cinq ans se retrouver dans cette position-là!
"Les frondeurs ont tué le PS"
Ce sont les frondeurs qui ont tué le PS, avec leurs calculs politiciens. Quitter le gouvernement au bout d'un an ou deux, cracher sur Hollande et le gouvernement… Ils ont fait beaucoup de mal. D'ailleurs, ils se sont passés la corde au cou, il n'y a qu'à voir leurs résultats au premier tour des législatives. Entre les frondeurs et les autres, partisans d'une gauche de gouvernement, avec tout ce qu'il s'est passé, ils ne pourront jamais se réconcilier. Quand on voit aussi l'attitude de Manuel Valls et des autres, qui ont lâché Benoît Hamon, le vainqueur de la primaire. C'est quoi ce parti?
"On ne peut plus voter pour eux"
Et que diraient les électeurs si, après s'être déchirés sur la ligne politique, s'être engueulés et s'être crachés dessus ils se serraient de nouveau la main? Lorsque vous n'êtes pas unis, c'est difficile de fédérer. Nous militants, avons lâché parce que lorsqu'en haut ce n'est pas solide, c'est difficile de suivre, on n'est pas des moutons. On vote à gauche, mais à une certaine limite. Avec l'image qu'ils ont montrée, on ne peut plus voter pour eux. C'est pour cela que je pense que le PS est définitivement mort."

Non, estime Luc Carvounas, porte-parole national de la campagne du PS aux législatives, candidat dans la 9e circonscription du Val-de-Marne (qualifié pour le second tour).
"Non, le Parti socialiste n'est pas mort, il est en train de vivre une nouvelle page de son histoire dans un moment très compliqué. La gauche française dans son ensemble a pesé 30% au soir du premier tour de l'élection présidentielle et la gauche française est encore extrêmement présente dans les territoires. Que ce soit dans ma ville, Alfortville, mon département, le Val-de-Marne et de grandes régions comme l'Occitanie par exemple. Et moi, je ne suis pas mourant, je me sens en très grande forme.
"Je ne suis pas mourant"
Donc aujourd'hui, à ceux qui tiennent de tels propos - notamment ceux qui n'ont pas eu le courage d'aller faire une campagne électorale (Jean-Marie Le Guen, ndlr) -, je réponds: plutôt que de faire des analyses, taisez-vous et laissez-nous faire une campagne comme nous la menons, tambour battant.
Il faut se rassembler. C'est ce que j'ai réussi à faire dans ma circonscription et on voit le résultat. Le peuple de gauche veut nous voir rassemblés, et quand cela n'est pas le cas, il nous boude dans les urnes. Mais il y aura toujours des hommes et des femmes de gauche qui porteront le débat démocratique au sein du parlement.
"Je n'ai jamais cru aux gauches irréconciliables"
Je ne crois pas que la fracture soit trop béante au sein du PS. Quand je vois l'alliance de la carpe et du lapin dans La République en Marche, je pense que la gauche peut se rassembler. Je n'ai jamais cru aux gauches irréconciliables. La preuve, elle est rassemblée dans les territoires.
Il faut que l'on fasse montre de responsabilité. Comme par le passé, quand deux personnalités fortes et si opposées, Georges Marchais et François Mitterrand que tout opposait, ont réussi à trouver un dialogue commun. Cette nouvelle gauche qui se rassemble, qui va protéger le modèle social et nos acquis sociaux, on peut commencer à la construire en appelant sans arrière-pensée à faire élire des candidats de gauche dimanche prochain."