BP, la fin du cauchemar ?
Ce matin à 10h30,
Jean-François Giannesi, expert pétrolier, revient sur l'annonce de BP qui affirme avoir réussi à boucher le puits à l'origine de la marée noire dans le Golfe du Mexique.
On arrive au bout de la marée noire. Et ce pour 2 raisons. La première c’est qu’il semble que BP ait réussi son coup avec le chapeau, et en injectant de la boue et du ciment. Il faut attendre un petit peu pour être sûr que tout soit bien stabilisé et qu’on n’ait pas d’autres problèmes. Et la deuxième, c’est que les puits de secours forés vont arriver au niveau du réservoir… A environ 1 kilomètre du puits qui fuit, on creuse un premier puits, on le dévie et on vient intercepter au niveau du réservoir pétrolier, dans la couche rocheuse, la fuite. Et là on le bouche de l’intérieur… C’est une belle réussite technique que d’avoir réussi à fermer la fuite par le dessus. Personnellement je trouvais ça très difficile et je leur donnais très peu de chances. C’est très difficile car ça se situe à 1500m d’eau, et la pression est très forte… BP a eu de la chance avec le temps. Il a fait très chaud ces derniers temps dans le golfe du Mexique et 30% à 40% du pétrole échappé du puits s’est évaporé. Soit toutes les fractions légères. Les fractions qui sont restées sont beaucoup plus lourdes. Sous l’effet du dispersant et de l’émulsion de l’eau de mer, elles sont tombées au fond de l’eau. Une grande partie du pétrole n’a pas atteint la côte parce qu’elle est tombée au fond de l’eau… Le gros problème c’est que la pollution est désormais dans les fonds marins. Ce n’est pas très bon pour tout le système écologique qui vit au fond de la mer, dans cette zone là… On ne pourra rien nettoyer. Ca sauvegarde les rivages, mais en haute mer… On ne sait pas encore quelles seront les conséquences, car on n’a aucune expérience en la matière. C’est une pollution invisible… Aujourd’hui, il y a une telle soif de pétrole, notamment aux Etats-Unis où la société américaine en est accro, qu’elle continuera de chercher partout de nouvelles zones de pétrole. Par conséquent, il faudra être plus dur sur les conditions de sécurité. Les Etats-Unis, en particulier, devront adopter les règles de sécurité en vigueur en Norvège ou en mer du Nord. Vraisemblablement, elles auraient pu permettre d’éviter une telle catastrophe…